- 
Côté images

Annick Blavier

Maryline le Corre
Coordinatrice à Culture & Démocratie

28-04-2020

Annick Blavier l’indique tout de go sur son site internet : « La technique n’a jamais été pour moi un but mais un moyen. » De fait, quelle que soit la technique utilisée, le sujet de l’œuvre d’Annick Blavier est la trace, la mémoire et le décalage. Ses croquis, dont certains accompagnent ce Journal 51, s’inscrivent donc naturellement dans cette volonté de circonscrire un moment, une sensation.

Pour cela la forme croquis, bien que souvent reléguée au rang d’essai préparatoire, d’esquisse de l’œuvre à venir, est idéale. Car le dessin, qui « n’a pas d’autre intention que le geste », est avant tout la matérialisation d’un élan, d’un désir et d’une attention au monde environnant que représentent les inconnu·es autour de soi. « Chaque dessin ouvre un nouveau champ d’énergie où s’étend et prend forme la pensée, où se matérialise une sensation, se réalise une idéen. »

De ces portraits d’anonymes, simplement tracés au stylo bille ou au crayon, transpire ici la sensation d’attente. En effet, ce sont des cafés, des trains ou encore des salles d’attente de mutuelle ou d’hôpitaux, qui offrent à l’artiste les modèles de son carnet de croquis. Et l’immobilisme, la rêverie ou même l’ennui qui habitent les individus au moment où Annick Blavier les dessine sont ici comme palpables. Nul besoin pour cela de contextualisation et les décors sont presque inexistants. Une main simplement posée sur un genou, une autre qui soutient un menton ou une tête, suffisent à donner forme, à rendre signifiant l’état dans lequel se trouvent ces inconnu·es jusqu’à ce que nous l’éprouvions aussi – qui n’a jamais vécu ces moments hors du temps ?

Un paradoxe nait donc ici de la posture de l’artiste, qui bien qu’également dans ces lieux, parvient à conjurer l’attente en matérialisant celle des autres, en traçant de sa main, celle, immobile, d’une femme qui somnole.

Avec ces croquis, Annick Blavier collecte et garde en mémoire des fragments de vie, qu’elle nous conte à sa manière.


Après des études à La Cambre entre 1970 et 1976, Annick Blavier pratique la peinture de 1979 à 2000, et participe à de nombreuses expositions en Belgique et en France. Elle réalise des affiches de théâtre dans les années 1980-1990 pour des théâtres belges et français et en 1989, une affiche de cinéma pour le film Histoires d’Amérique de Chantal Akerman. Lors de résidences à Paris, Berlin, Rome, elle réalise également des photographies et des vidéos. Après avoir vécu quelques années à Paris, elle revient à Bruxelles en 2001 et réalise et expose des collages au format carte postale qu’elle fait régulièrement agrandir (format 84 x 120 cm) dans des labos professionnels (tirages aux pigments) pour ses expositions..

De 2001 à 2013, elle est administratrice de la maison d’édition « La trame » et publie des livres auxquels participent des artistes, des philosophes, des écrivain·nes et des scientifiques.

Elle vient de terminer le court-métrage Une vie toute simple avec la réalisatrice et monteuse Els van Riel et le compositeur Guy De Bièvre, sur base de ses croquis aquarellés.

Voir son site internet.

1

Gilgian Gelzer in Le plaisir au Dessin, Jean-Luc Nancy, Galilée.

PDF
Journal 51
Conte et société
Édito

Sabine de Ville

Quand une scribe glane à la volée la parole d’or des conteur·ses

Laurence Vielle

La littérature orale : un continent poétique

Entretien avec Bernadette Bricout

Vivre et rêver avec le conte

Anna Angelopoulos

L’art du conte en Fédération Wallonie-Bruxelles

Bernadette Heinrich

De la transmission au spectacle : le devenir du conte au Togo

Entretien avec Atavi-G Amedegnato

Quand le conte se balade

Muriel Durant

Le conte comme outil d’éducation permanente : entre co-construction formative et exploration des espaces locaux

Thibault Scohier

Les contes ne font pas de politique

Entretien avec Henri Gougaud

Questionner les imaginaires collectifs, déconstruire les pensées dominantes. Entretien avec les Dimanches du Conte

Entretien avec Aline Fernande et Novella De Giorgi

Je veux une histoire

Baptiste De Reymaeker

Penche-toi, société, et bois à la source du conte

Emmanuel De Lœul

La transmission des contes : un modèle de démocratie paisible

Nicole Belmont

Entre collectes et semailles

Bernadète Bidaude

« Quand tu cours avec des slaches, souvent tu en perds une, non ? » (Rita. G)

Valérie Vanhoutvinck

Actualité de la littérature orale

Jean-Loïc Le Quellec

Pratiques de conteurs et conteuses : panorama polyphonique – Partie 1

Témoignages de Fahem Abes, Valérie Bienfaisant, Julie Boitte, Roxane Ca’Zorzi, Ludwine Deblon, Véronique de Miomandre, Marie-Claire Desmette, Selle De Vos, Muriel Durant, Nathalie Dutilleul-Vander Borght, Bernadette Heinrich, Benoît Morren, Christian Schaubroeck et Cindy Sneessens

Pratiques de conteurs et conteuses : panorama polyphonique – Partie 2

Témoignages d’Alice Beaufort, Anne Deval, Myriam Pellicane et Ummée Shah

À propos de la place des conteurs et des conteuses dans la société. Entretien avec Patrick Amedegnato

Patrick Amedegnato

La politique des contes : le cas du nationalisme breton

Thibault Scohier

Les contes moose du Burkina Faso : une tradition orale au service du développement

Patrice Kouraogo

Gardien de mémoire – Entretien avec Boubacar Ndiaye

Entretien avec Boubacar Ndiaye

Bruxelles parle – Séverine Janssen

Séverine Janssen

Lire sur le conte en milieux de soins : Le saut de la grenouille

Hélène Hiessler

Conte et enseignement : paroles de conteur·ses

Sabine Verhelst

L’envie irrépressible de créer

Entretien avec Carole Alden

Le temps des contre-feux

Sabine de Ville

Annick Blavier

Maryline le Corre