Benjamin Monteil
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Dossier

Artistes à l’hôpital : quel(s) territoire(s) en temps de pandémie ?

Entretien avec Fabienne Audureau (Compagnie du Pont des Arts),
Catherine Vanandruel (Compagnie Fables rondes, Les clowns à l’hôpital)
et Barbara Roman (asbl Lapsus Lazuli)

19-11-2021

L’hôpital, un territoire administratif ? Un terrain d’action ? Pour les artistes dont c’est le lieu d’intervention, la notion de territoire englobe bien davantage que cela. La pandémie qui a transformé les hôpitaux en forteresses a bouleversé leurs pratiques soudain étiquetées « non-essentielles ». Entre expérimentations numériques et réinvention des manières d’être présent·es auprès de personnes hospitalisées sans perdre le sens du métier, Fabienne Audureau, Catherine Vanandruel et Barbara Roman nous parlent, dans cet entretien réalisé au début du déconfinement 2021, des réflexions et stratégies de leurs associations de clowns, musicien·nes et danseur·ses en milieux de soins au cours cette période tourmentée. Ce faisant, elles se posent aussi la
question de l’avenir et des territoires peut-être à investir.

Propos recueillis par Hélène Hiessler, coordinatrice à Culture & Démocratie.

 

La notion de territoire est-elle pertinente pour penser votre pratique ?

Fabienne Audureau : La première chose qui me vient à l’esprit c’est que le territoire est une notion principalement administrative. Les pouvoirs subsidiants nous imposent de travailler sur un territoire donné. Par exemple, avec les emplois ACS, nous sommes limité·es au territoire bruxellois.
Si je pense davantage avec le mot terrain, ce qui me vient est plus immatériel. Dans le sens où notre terrain va être la rencontre humaine et artistique, en l’occurrence avec des enfants pour les artistes du Pont des Arts. Le territoire devient alors quelque chose d’infini, sans limites, car on entre dans le territoire de l’imaginaire. Les enfants qu’on rencontre ont le droit de nous dire « non », de refuser qu’on entre dans leur territoire. Avec l’idée de rencontre, on quitte l’espace pour rentrer dans le temps. On vient dans une fourmilière qui fonctionne, hiérarchisée, où tout le monde est à sa place. C’est le territoire des soignant·es et ce n’est pas toujours facile d’y entrer. Forcément, on est dans une temporalité différente. On arrive pour un temps court. On fait une incursion dans la fourmilière, à un endroit particulier mais aussi à un moment donné, et on se retire, on redevient des personnes de l’extérieur. Ça crée des tourbillons là où on a été mais aussi chez nous. Ce sont des zones qui deviennent floues. Il y a un échange et puis lorsqu’on part c’est fini. Ce qui reste ce sont des traces qui ne sont pas forcément tangibles.

Catherine Vanandruel : Je partage cette vision du territoire comme notion administrative et je trouve cela particulièrement limitant. On est réduit·es au territoire de la Région bruxelloise, alors qu’on pourrait tout à fait développer des choses avec un hôpital dans le Brabant wallon ou en Région wallonne. Pour ma part, j’ai toujours eu envie de travailler à Huy, mais ça n’a jamais été possible pour cette raison-là. La notion de territoire est difficile à intégrer pour nous dans la mesure où effectivement on serait plus proche d’un vocable de terrain, qui lui n’est pas forcément quelque chose de physique, c’est plutôt une sorte de cartographie sensorielle.

Barbara Roman : Je ne pense pas le territoire en termes géographiques ou administratifs. Je me pose plutôt la question du territoire de notre pratique, de la pratique artistique, de la conjonction des territoires qu’on mélange, qui sont poreux : le territoire de la santé, le territoire artistique, etc. Lorsque l’on regarde la définition du mot territoire, apparait tout de suite l’idée de frontières et de limites qui circonscriraient une manière de fonctionner ou en tous cas une espèce de consensus entre des personnes qui fonctionneraient de la même manière. Un territoire définissable, en fait. Dans nos pratiques, je trouve compliqué d’être univoque. Par contre, je vois bien qu’on ne cesse de chercher à le définir, ce territoire. C’est aussi ce que l’on essaie de faire dans le groupe de travail Art et santé : établir des limites entre ce que l’on fait et la thérapie par exemple.
Sur le plan figuratif, dans sa définition, le territoire est « un lieu ou un espace qu’une personne considère comme sien, où elle se sent à l’aise ». Je trouve intéressant de se poser la question de notre pratique de cette manière. Ce n’est pas vraiment ce que j’observe. On est davantage dans une espèce de mélange, de superposition.

 

Comment diriez-vous que ces territoires (terrains, zones de flou, cartographies sensorielles, etc.) ont bougé, ont été affecté·es par la pandémie ?

B. R. : Nous avons dû faire un énorme travail de redéfinition de notre territoire de pratique : l’assouplir, le transformer, le repenser, le réorganiser… et ça a pris beaucoup de temps. Au début, ce fut une bataille, mais aujourd’hui je suis impressionnée par ce que je vois chez les membres de l’équipe, par le chemin parcouru malgré les contraintes. Il y avait des disparités au sein des différentes équipes mais l’option choisie dès le début, et qui n’a pas été aisée, a été la recherche d’une perméabilité voire d’une superposition vers le territoire numérique. Concrètement, comme on ne pouvait plus être présent·es à l’hôpital et qu’on n’envisageait pas de faire seulement des interventions en visioconférence, on s’est demandé ce qu’on voulait faire et quel objectif on voulait poursuivre dans notre pratique. C’était de limiter l’isolement des enfants, qui allait être encore plus grand pendant cette période de pandémie. On a alors diversifié nos modes de présence auprès des enfants, du personnel et des familles.

C. V : Chez nous ça a été un peu différent. J’ai misé sur l’intégration à l’hôpital mais ce fut une intégration avec conditions. L’hôpital s’est fermé. Les soins ont dû se réinventer aussi. Cela a suscité des prises de conscience chez les artistes qui se sont rendu compte que l’effort ne pouvait pas être qu’individuel, qu’il serait collectif. Cette pandémie, c’est l’histoire du siècle, ça a provoqué beaucoup de changements : à la fois une demande de souplesse et une plus grande rigidité de la part du monde médical, qui ne pouvait faire de concessions ni sur le lavage des mains, ni sur le masque, ni sur les visières, ni sur le fait qu’on est des transmetteur·ses potentiel·les, qui vont de chambre en chambre. Les visiteur·ses sont encore interdit·es aujourd’hui dans la plupart des services hospitaliers. Nous arrivons encore à nous immiscer la plupart du temps mais les conditions sont très strictes.

F. A. : Dans un premier temps, notre terrain d’activité s’est déplacé. Nos territoires sont devenus nos chez-nous respectifs. Par la force des choses nous nous sommes lancé·es dans des activités numériques, ce qui a confirmé le fait que ce n’était pas du tout le cœur de notre métier. On le savait, néanmoins on a testé des choses, dont on s’éloigne petit à petit. On essaie de rester en lien avec notre terrain autrement que par le virtuel. Deuxièmement, ce qui a été difficile c’est que l’hôpital est notre lieu de travail en tant que professionnel·les, et qu’alors, comme partout ailleurs, en tant qu’artistes, nous avons été considéré·es comme non essentiel·les. L’hôpital est encore un milieu assez fermé où nous sommes considéré·es comme de simples visiteur·ses, bien que de notre point de vue, c’est aussi notre territoire. Ça pose question par rapport à ce qu’on essaie de défendre.

Ce qui a été difficile c’est que l’hôpital est notre lieu de travail en tant que professionnel·les, et qu’alors, comme partout ailleurs, en tant qu’artistes, nous avons été considéré·es comme non essentiel·les.

Avec la fermeture du milieu hospitalier, quelque chose s’est-il ouvert ou s’est-il perdu avec cette obligation de faire des propositions numériques ?

B. R. : Chez nous, bizarrement, on a vu à quel point ça a ouvert des portes, à quel point des liens se sont créés, encore plus forts, entre les équipes éducatives, les équipes soignantes et nous. Il y a eu une véritable volonté d’intégration. Quelque chose s’est alimenté de lui-même et nous ne nous sommes jamais senti·es aussi essentiel·les que depuis ce moment. Les soignant·es et les éducateur·ices nous le disent aussi.
Les concepts douloureux d’activités dites « essentielles » ou « non essentielles » réapparaissent aujourd’hui dans nos échanges avec les interlocuteur·ices hospitalier·es. On est censé·es pouvoir retourner dans les hôpitaux mais seulement si on est vacciné·es. Les soignant·es souhaiteraient que l’on revienne, que cette vie reprenne. Alors pour pouvoir le faire tout en limitant les risques, puisque la vaccination n’est (encore) obligatoire ni pour le personnel ni pour les familles visiteuses, les hôpitaux imposent la vaccination aux bénévoles. De nouveau cette notion essentiel/non essentiel se pose entre nous et au sein de l’hôpital. Évidemment les débats sont énormes, il y a des positions individuelles et des positions de groupes comme à l’échelle de la société. On essaie d’articuler toutes nos valeurs individuelles avec un mouvement et des décisions collectives. On a eu de sacrés défis à relever pour trouver des positions communes, et ce n’est pas fini.

F. A. : Ça a ouvert des choses entre nous, entre associations d’artistes intervenant en milieux de soins. On a appris à mieux se connaitre dans cette situation parce qu’on était dans la même galère. On a fait des choses ensemble, on s’est uni·es et on a essayé de coordonner nos discours voire nos positions. Ça a été une bonne chose. Au sein des hôpitaux, il y a un certain nombre de travailleur·ses qui, depuis qu’on ne peut plus y être, se rendent compte à quel point on manque, à quel point on est finalement essentiel·les. Il y a des positionnements différents par rapport International, eau forte et aquatinte sur zinc, 2017 à nous : certain·es n’attendent que notre retour et d’autres ont des attentes différentes, d’autres inquiétudes.

C. V. : Je suis très reconnaissante envers le Pont des Arts pour avoir initié la mise en place de la plateforme Tagad’Art soin soin. Cette plateforme propose pour les enfants des capsules artistiques réalisées par des artistes intervenant en milieux de soins encore confiné·es chez eux·elles. J’ai adoré faire ça, c’était super intéressant. Sinon, nous avons eu la chance de pouvoir travailler à 60 % en présentiel. Les 40 % en ligne ne représentent que quelques vidéos mais on n’a pas pu avoir quelqu’un sur place pour les relayer auprès des enfants. C’était donc davantage un pis-aller qu’une ouverture. Maintenant si les choses prennent une autre direction, je suis prête à relancer l’idée au sein de notre équipe. La technique audiovisuelle fait partie de notre métier. Pour moi, une visioconférence, c’est vivant. Je crois dans le fait qu’il faudra une tête en présence vivante et une tête en virtuel, que l’on va désormais devoir utiliser les deux canaux.
L’hôpital en tant qu’institution s’est fermé à cause de la pandémie, de l’urgence, mais pas les personnes qui y travaillent en tant qu’individus. On croise dans les couloirs des gens qui sont contents de nous voir. Leur accueil n’a pas changé, car ils se rendent bien compte que même si on n’est pas donneur·ses de soin, on fait tout de même partie du soin. On améliore toute une série de paramètres qui vont faire que les enfants seront plus faciles à soigner. C’est reconnu et admis, ça ne va pas changer. Mais, l’hôpital est un lieu qui, selon moi, va garder très longtemps des précautions qui seront supérieures aux autres endroits de la cité. Nos associations vont encore devoir s’adapter parce qu’elles travaillent dans un milieu qui n’est pas ouvert, qui a ses particularités. Notre mission est d’être suffisamment poreux·ses : si on veut travailler dans ce milieu-là c’est inévitable.

Nos associations vont encore devoir s’adapter parce qu’elles travaillent dans un milieu qui n’est pas ouvert, qui a ses particularités. Notre mission est d’être suffisamment poreux·ses : si on veut travailler dans ce milieu-là c’est inévitable.

Avoir une meilleure (re)connaissance de vos pratiques est-ce important ?

C. V. : Nos associations, qui étaient relativement invisibilisées avant la pandémie, ont pu grâce aux réseaux sociaux, devenir beaucoup plus visibles hors des territoires de soins. Il faut se saisir des opportunités d’accès et d’ouverture qu’offre le numérique. Mais on se doit aussi d’être prudent·es par rapport à l’intimité de l’enfant et de la famille. C’est un code éthique tout à fait légitime que l’on souhaite garder. Il y a une forme de protection − on ne publie jamais de photos d’enfants par exemple. Il faut trouver un équilibre. À présent, j’essaie d’être plus présente en diffusant des images et des vidéos mais qui montrent autre chose, le côté souriant, positif.

B. R. : C’est l’une des premières questions qui nous est posée quand on remet un rapport moral ou qu’on répond aux questionnaires des pouvoirs subsidiants : « Comment vous rendez-vous visibles auprès de la population bruxelloise et pas uniquement auprès de la population de vos publics cible ? » Au-delà de ce qui se joue entre l’équipe artistique et l’équipe soignante, qui représente finalement un microcosme, ce qui est attendu c’est aussi l’amplification de notre travail, de nos analyses, de nos contacts, de nos rencontres. C’est donc d’abord une obligation et c’est quelque chose d’incontournable car sans ce travail vers l’extérieur, on reste dans un entre-soi, et il n’y a pas ou trop peu de répercussions sur la population dans son ensemble.
Il y a en effet un enjeu de reconnaissance derrière la visibilité. Mais ces deux dernières années, ce n’est pas dans cela que nous avons investi notre énergie. On a choisi de l’investir – à tort ou à raison, car ça a épuisé beaucoup de monde ! – dans l’action en elle-même, sa diversification, sa transformation. S’il y avait une retombée en termes de visibilité c’était du bonus, car cet enjeu de reconnaissance n’était pas pour nous une priorité à ce moment-là.

Comme tout le monde, au tout début, ce tremblement de terre nous a fait chacun·e individuellement trembler sur nos bases. Mais c’est aussi un vrai terrain d’expérimentation qui s’est ouvert, et les artistes sont des expert·es en la matière !

L’hôpital ne va pas connaitre un retour à la normale de si tôt. Qu’est ce qui est à penser pour l’avenir ? Est-ce qu’il y a d’autres choses à inventer ?

C. V. : D’une certaine façon, j’ai le sentiment d’avoir été sanctionnée, car après avoir fait tous ces efforts, après être parvenue à maintenir l’équilibre, après avoir maintenu une présence sur les réseaux, etc., on a appris que le territoire « art et santé » était rejeté par notre pouvoir subsidiant, le service culture de la COCOF. Ils ont décidé d’annuler la reconnaissance, mise en place en 2017, de l’approche artistique, thérapeutique en milieux de soins. Quelle incompréhension, quelle stupeur ! Heureusement pour nous, l’enveloppe en santé a été maintenue.
Pourtant, j’ai participé à quelques soirées avec le collectif Still Standing For Culture et j’ai pu observer que la question de la position de l’artiste dans son milieu est constamment revenue, car elle est en mouvement. Il y a eu une ouverture aux artistes de territoires a priori non artistiques. On a vu les artistes de Up (Circus & Performing Arts) dans les vitrines d’un café, Bernard Massuir ou Quentin Dujardin dans les chapelles, etc. − des lieux qui n’étaient pas des lieux « de culture » et qui le sont devenus parce qu’à ce moment-là on avait le droit d’y aller mais pas dans un théâtre. Ça a ouvert des portes et des pistes. Nous on le faisait déjà, on était déjà des artistes dans un milieu qui n’était pas celui de la culture mais du soin. On était quelque part parmi les précurseur·ses de ce qui s’est passé pendant la pandémie. D’une certaine façon, notre expérience devrait pouvoir servir à d’autres projets qui cherchent de nouveaux territoires.

F. A. : Il faut plus généralement à partir de cette crise repenser la place de l’artiste dans la société : quels doivent être les lieux de création et les lieux de diffusion ? Quels sont les publics ? Il faut penser en termes d’allers-retours, penser à ce dont les gens – artistes, publics, institutions – ont besoin. Il y a des choses à ouvrir.

B. R. : Comme tout le monde, au tout début, ce tremblement de terre nous a fait chacun·e individuellement trembler sur nos bases. Mais c’est aussi un vrai terrain d’expérimentation qui s’est ouvert, et les artistes sont des expert·es en la matière ! Le temps de retomber sur nos pattes, de remettre tout ça à flots − ce qui était l’objectif de l’équipe −, ce tremblement de terre pouvait aussi rassembler. Dans la douleur ou le plaisir, la pandémie nous a forcé·es à ouvrir des choses, à les déplacer, et on doit continuer à en déplier, à en affirmer. On ne peut pas faire croire aux artistes qu’on va retourner à la normale !

 

Image : © Benjamin Monteil

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