Ninon et Clara

Briançon, ville refuge #ParOùOnPasse 1

Ninon et Clara, artistes et habitantes de La Petite Maison

03-11-2022

 

Petite histoire du Refuge
Avant de devenir les Terrasses Solidaires, le projet s’appelait Refuges Solidaires, qui est toujours le nom de l’association qui l’a ouvert. L’histoire commence dans une petite maison derrière la gare SNCF, collée à la Maison des Jeunes et de la Culture et à l’école de musique, lieu anciennement occupé par la police (oui oui !) et prêté par la Mairie.

La solidarité dans les montagnes est une règle admise et respectée par toutes et tous : au-delà des différences politiques, religieuses ou simplement d’opinion, il est impensable de laisser des personnes mourir gelées alors qu’elles tentent coûte que coûte de traverser la frontière franco-italienne. C’est la raison pour laquelle une mobilisation et une résistance persistent depuis 2017, qui s’étend par-delà les montagnes.

Le refuge en montagne c’est un lieu où l’on se repose. Le temps qu’il faut. À l’abri du froid et de l’hostilité de l’altitude. On y est bien. On se ressource, avant de reprendre la route.

Suite à de nombreux rebondissements, notamment l’élection d’un nouveau maire moins favorable à l’existence du lieu, le refuge a dû déménager dans un espace en haut de la ville. Un bâtiment beaucoup plus grand, un bâtiment acheté collectivement qui permet au projet une plus grande sécurité.

 

Un lieu, plusieurs associations
Le lieu s’appelle désormais les Terrasses Solidaires (bien que tout le monde continue à l’appeler Le Refuge) et partage l’espace avec plusieurs associations actives dans le soutien aux personnes en situation d’exil.
Parmi elles, l’association EKO!, qui propose des ateliers Low-tech avec les personnes exilées et habitant·es de la Région où encore l’association Tous Migrants, figure locale et véritable force politique et juridique, qui sensibilise aux questions de migration mais défend aussi le droit des personnes exilées et des aidant·es aux prises avec la justice.

À travers ce lieu nous rencontrons une multiplicité de personnalités et d’ancrages différents. Huit personnes salariées, une quinzaine de bénévoles, une centaine de personnes accueillies par jour. Dans tout ce bouillonnement certaines ne restent que deux jours avant de reprendre la route, d’autres sont là depuis plusieurs mois, et même chose pour les personnes bénévoles.

 

Premiers ateliers
Dans le cadre de notre projet, nous commencerons par mettre en place des ateliers pour aborder collectivement la question des hospitalités. Le premier que nous mettons en place, c’est autour du REFUGE, du lieu. Un lieu où tu te sens bien, un endroit qui donne envie d’y entrer, une architecture qui rassure, qui parait accueillant, qui donne envie de s’y arrêter et de respirer un peu. Un constat se fait très rapidement : les bénévoles sont essentiellement des femmes blanches, et les personnes accueillies sont essentiellement des hommes racisés.

Nous nous installons dans le self, une grande salle avec de grandes fenêtres et une terrasse en demi-cercle qui donne sur les montagnes. Nous utilisons l’espace après l’heure du repas (14h) jusqu’à l’heure de la préparation du diner (17-18h). Cet atelier n°1 : REFUGE, nous l’avons déjà proposé trois fois, toujours avec des personnes différentes.
Le protocole est simple : on dessine ce lieu, on le raconte (si on en a envie et dans la langue qu’on souhaite), puis on prend une photographie de la personne avec son dessin. On l’imprime directement sur place, à l’aide d’une petite imprimante. On en donne une et on en garde une pour nos archives.

Dans cette question générale du refuge on se raconte, nous, nos lieux et les espaces qui nous entourent. Nos lieux imaginaires, dans lesquels on se projette, ainsi que nos refuges secrets. On parle des espaces qui nous font du bien et pourquoi ils nous font du bien.

 

 

 

Au self, il y a un coin thé/café, un bar en bois où sont servis les repas, une bibliothèque qui bat un peu de l’aile, quelques jouets pour enfants, le tableau des tâches bénévoles et la table de ping-pong. L’espace est lumineux, et à travers chaque fenêtre on voit les montagnes. Nous nous installons sur une grande table ronde au milieu de la pièce. On met le plus possible de chaises autour, on sort des stylos, des pinceaux, des livres qu’on a choisis pour illustrer l’atelier et donner des idées. Et surtout, surtout de la musique !

Au départ les gens guettent de loin, puis ils se rapprochent. Certains s’asseyent directement, d’autres font plusieurs allers-retours avant de nous rejoindre. On explique le protocole de l’atelier qu’ils et elles peuvent faire s’ils et elles en ont envie. Sinon on peut aussi parler, ou dessiner totalement autre chose.

Nous nous rendons vite compte que l’étape de l’écriture met les personnes en difficulté alors qu’à l’oral, les histoires sont fluides et on sent le besoin, la nécessité de se raconter et surtout d’être écouté·e. Nous pensons donc qu’enregistrer les voix qui racontent les histoires des refuges sera plus adapté à cette étape, mais il nous faut aussi trouver du silence… ce qui n’est pas facile !

 

Dans le #ParOùOnPasse 2 : direction chez Marcel, lieu autogéré par des personnes demandeur·ses d’asile ou sans papiers, où nous lancerons le deuxième protocole : Un objet qui rassemble !

 

〰️ MJC et projet la MappeMonde 
〰️  Le projet Journal des Jungles, par PSM (plateforme de soutien aux migrants)
〰️ Les Terrasses solidaires
〰️ Tous migrants
〰️ EKO!

 


〰️ Briançon, ville refuge à l’heure de la criminalisation de la solidarité, de Vinck-Keters Aude, éditions TRANSHUMANCES
〰️ Refuge, de Géraldine Alibeu, éditions CAMBOURAKIS
〰️ Notre maison, de Walid Taher et Mathilde Chèvre, éditions LE PORT A JAUNI
〰️ (NON) violence, ouvrage collectif du projet MODUS OPERANDI, sous la direction de Karine Galtier
〰️ Des paillettes sur le compost, de Myriam Bahaffou, éditions LEPASSAGER CLANDESTIN

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