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Dossier

Et si le temps de la guerre était conté ? Réflexions autour des récits et des imaginaires guerriers

Juliette Lafosse, philosophe

14-11-2022

Les récits de guerre offrent d’ordinaire un tableau manichéen du conflit, opposant les méchant·es aux gentil·les et enjoignant les populations à prendre position pour le camp qui serait le plus juste. Pour Juliette Lafosse l’omniprésence de tels récits, parcellaires à bien des niveaux, engage une posture guerrière en amont de la guerre qui imprègne l’ensemble de nos imaginaires bien au-delà des conflits armés. Même en temps de paix, notre époque semble perpétuellement habitée par la guerre. Dans son analyse, la philosophe propose une autre modalité du dire guerrier dans l’espoir de rendre aux récits leurs facultés émancipatrices.

Depuis février 2022, l’actualité est saturée par les récits liés à la guerre russo-ukrainienne. D’abord majoritairement axés sur le déplacement des populations, puis rythmés par les offensives et contre-offensives des troupes, il ne se passe pas un jour sans qu’on les entende, réactivant – et nourrissant – par-là nos imaginaires guerriers. Or, il semble que la manière dont les évènements sont relatés dans la sphère médiatique – et parfois même dans les sphères intellectuelles – participe à une lecture simpliste et dichotomique de la situation. L’oubli des nuances, des contextes historiques et politiques, des origines parfois ancestrales du conflit, semble réduire la situation à l’opposition entre deux blocs, ceux du bien et du mal, du juste et de l’injuste. Ce récit dominant, principalement organisé à partir de la valeur morale accordée aux figures politiques qui décident de la guerre et de sa conduite, se reflète dans une surenchère de récits adjacents nous enjoignant de prendre position d’une seule et même manière : en disqualifiant frontalement l’injuste des deux.

Bien que le droit international se trouve effectivement du côté d’un bloc plutôt que de l’autre, ce qui n’est pas anecdotique, je propose ici de nuancer cette lecture massive et occultante du conflit pour mettre en lumière les effets de tels discours guerriers au-delà de ce conflit en particulier. Le problème n’est pas tant que ces récits nous imposent de prendre position, mais plutôt qu’ils nous poussent à le faire d’une seule et même manière, une fois pour toute.

À l’opposé d’une telle perspective, je propose de réfléchirn  à ce que produisent les récits guerriers ainsi mobilisés, comment ils agissent et la difficulté qu’ils engendrent à penser en dehors d’eux. Comment ces récits dominants, omniprésents, qualifiants partagent nos imaginaires entre des clans irréconciliables, dans des gestes successifs d’exclusion et d’assignation, qui restreignent le champ de nos perspectives ? Est-il seulement possible aujourd’hui de parler de cette guerre sans être enjoint·e à prendre position ? Sans devoir disqualifier immédiatement un camp ou l’autre – quand il ne s’agit pas carrément de le criminaliser ? Mais au-delà de cette perspective, et des conséquences dramatiques longuement développées d’un retour de la « guerre juste » et des guerres d’anéantissement sur la scène internationale qu’une telle lecture engendren, je voudrais réfléchir ces effets sur le concept de guerre en tant que tel, et particulièrement sur les temporalités de celui-ci. Dans quelle mesure une telle mobilisation des récits guerriers n’engage-t-elle pas la guerre elle-même ? Dans quelle mesure « dire » la guerre ne nous condamne-t-il pas à la faire ? Et dans quelle mesure encore les récits et imaginaires guerriers ne font-ils pas du temps de paix un temps habité par la guerre ? Que cela fait-il que le temps de la guerre nous soit ainsi conté ?

La guerre en Ukraine, bien qu’elle apparaisse comme totalement inédite à nos esprits européens épargnés par la guerre depuis près d’un siècle (ou illusionnés comme tels), est en fait assez classique du point de vue de cette mobilisation. Les guerres du XXe siècle ont ainsi démontré le rôle crucial du récit dans la mobilisation des consciences et des troupes. Lors de la Grande Guerren, par exemple, les récits de francs-tireurs attendant en embuscade l’armée allemande lors de sa traversée du territoire belge, alimentés par les souvenirs de la guerre franco-prussienne, avaient pu participer à l’engagement allemand et aux exactions commises par les troupes allemandes en août 1914, persuadées de traverser un territoire hostile et pernicieux dont la violation de la neutralité n’en devenait que plus légitime. Au récit des francs-tireurs avait alors très vite succédé celui, plus vif encore, des atrocités allemandes commises à l’égard de la population belge. Rapidement avérées, de telles atrocités avaient été largement partagées et exagérées pendant le conflit (exagération qui leur a même valu un temps d’être disqualifiées, avant d’être réhabilitées).

Cette double face des récits de l’invasion, typiquement à l’image des récits dominants, a ainsi habité deux temps de la guerre : le « pendant » – au service de l’appel aux alliances et aux interventions internationales – et l’après – chargé de rappeler le sacrifice de la nation belge en compensation de ses pauvres pertes militaires de façon à revendiquer une place sur l’échiquier mondial en devenir à la sortie du conflit. Cette persistance du récit en termes de « bons » et de « méchants » a pour effet de bousculer les frontières temporelles du conflit, en mobilisant les consciences dès l’avant-guerre. Si on a tendance, académiquement, à situer la guerre entre 1914 et 1918, des travaux plus récents s’attellent à mettre en perspective cette temporalité restrictive et strictement circonscrite de la guerre, à montrer que la temporalité de la guerre déborde largement son début et sa fin formelle. Dans cette optique, il est en réalité possible de questionner notre lecture classique de la « sortie de la guerren ». Loin d’accepter une lecture ciselée de l’histoire qui fait advenir l’après-guerre au lendemain de l’armistice, il est possible de remettre en cause les cloisonnements chronologiques classiques pour intégrer la perception d’une sortie progressive de la guerre : de la violence à la paix, il y aurait bien des pas à franchir. En déplaçant la focale du conflit sur le processus de démobilisation des soldats mais aussi et surtout des sociétés, on peut alors mettre en lumière la façon dont la guerre a imprégné et mobilisé les personnes et les cultures sur un temps long. Au même titre que l’Europe n’avait pas basculé dans la guerre un sombre 28 juin à Sarajevo, elle n’y a pas soudain échappé au milieu d’une clairière de Rethondes un 11 novembre.

Dans quelle mesure une telle mobilisation des récits guerriers n’engage-t-elle pas la guerre elle-même ? Dans quelle mesure « dire » la guerre ne nous condamne-t-il pas à la faire ? Et dans quelle mesure encore les récits et imaginaires guerriers ne font-ils pas du temps de paix un temps habité par la guerre ? Que cela fait-il que le temps de la guerre nous soit ainsi conté ?

Contre l’idée que « [l]a guerre donne le temps fort, le temps vrai, le temps peuplé de vrais évènements. C’est [elle] qui accroche le reste de la durée, la durée molle des avant et des après-guerren », il s’agit d’insister sur la force et la profondeur de ces temporalités marginales. Alors qu’on serait tenté·es de présenter la fin du conflit comme l’annonce d’une disparition de la violence, ou du moins de son déclin (« la violence de guerre se trouve[rait] alors circonscrite aux bornes chronologiques du conflitn »), la sortie de guerre est en fait un moment spécifique d’exaltation de celle-ci. En 1918, du côté des vainqueur·es, elle s’exprime à l’encontre des traitres, de ses « femmes à Boches » ou des « profiteur·ses de guerre », qui étaient soupçonneusement parvenu·es à s’enrichir sur le conflit ; en Belgique occupée, elle se retourne contre l’occupantn, mais aussi contre les activistes flamingant·es, qui ont trahi l’union sacrée au profit d’intérêts communautaires et linguistiques. Du côté des vaincu·es, elle jubile dans un dernier sursaut, dans une entreprise forcenée de destruction massive et vengeresse ; à l’image de l’occupant allemand qui se retira du territoire occupé en s’adonnant à la destruction systématique du pays qu’il laisse derrière lui (ou de l’état dans lequel les troupes russes laissent les villes ukrainiennes après occupation). La guerre n’en est pas moins violente lorsqu’elle se retire. Ces travaux, qui délimitent la guerre à partir de la mobilisation militaire des soldat·es et des sociétés, montrent combien la persistance et le poids des récits, en tant que vecteur de mobilisation des consciences – quand ce n’est pas de mobilisation militaire – bousculent la temporalité guerrière. Or, l’approche actuelle de la guerre à partir du conflit russo-ukrainien nous montre combien cette exhortation à prendre position, cette polarisation, insiste à travers une extrême récitation de la guerre, que la multiplication des médias et vecteurs d’informations au XXIe siècle n’a fait qu’amplifier.

La permanence des récits guerriers, et les imaginaires qu’ils cultivent, questionnent alors essentiellement les limites de la guerre : quand commence et quand finit elle ? Peut-on gagner une guerre qu’on n’aurait pas réellement commencée, une guerre qui aurait toujours déjà été ? Serions nous alors face à une forme de guerre sans fin ? Le risque de cette hantise du temps de paix par le fantôme de nos imaginaires guerriers, nourris par des récits manichéens, n’est rien de moins que d’empêcher que soit effectivement pensée la guerre − en tant que moment aussi bien qu’en tant que concept – et sa sortie.

Ces difficultés temporelles existent depuis toujours, et s’illustrent magnifiquement dans l’insistante impossibilité que rencontre l’esprit humainn à penser la guerre sans la recouvrirn de temporalités étrangères : de la guerre pacifique chrétienne (qui fait de la guerre un instrument de la paix visée) aux théories de la guerre juste (qui font de la guerre la simple expression d’une justice transcendante), on ne peut que constater cette insistance à lire la guerre à partir d’une grille d’interprétation qui lui serait autre. Mais de cette difficulté conceptuelle classique, il me semble qu’on bascule dernièrement de manière inédite dans une difficulté plus réelle, matérielle : puisque la guerre hante la paix (et réciproquement), puisqu’on mobilise les esprits en amont des corps, le risque d’entrainer effectivement la guerre dans le sillage du dire guerrier semble plus réel que jamais. L’omniprésence des récits, et leur injonction à prendre position, à distinguer les bons des méchants, engage une posture guerrière en amont de la guerre, qui risquerait bien d’entrainer celle-ci.

L’omniprésence des récits guerriers me semble aussi contrevenir à une pensée effective de la guerre, en ce que la manière dont ils racontent la guerre reconnait aux chef·fes d’États et de gouvernements une place excessivement centrale : combien n’avons-nous pas entendu parler de « la guerre de Poutine » ou des « contre-offensives de Zelensky » ? Comme si la guerre était le simple fait d’une volonté politique souverainen. Cette lecture, d’autant plus romancée qu’il s’agit souvent d’y référer nos (contre)héro·ïnes, est pourtant dénoncée par la polémologien depuis près d’un demi-siècle. En témoigne la critique formulée par Gaston Bouthoul d’une historiographie par trop flatteuse qui tend à exagérer le « rôle providentiel des dirigeantsn ». Ce que dissimule alors une telle mise en récit des causes guerrières, issue du fantasme d’une intention explicite souveraine, c’est la dimension possiblement accidentelle de la guerre : bien souvent, le conflit ne nait pas du moment décisionnel mais d’une succession de circonstances qui mènent jusqu’à lui, dont la forme est moins intentionnelle qu’impulsive ou contingente. En ce sens, nos conduites conscientes – à la fois produites par le récit et dont le besoin est moteur de celui-ci – sont peut-être plus illusoires qu’elles n’y paraissentn. Le récit dominant, dans sa dimension simplificatrice, empêche que soit formulée une lecture profonde de l’évènement, lecture non providentielle qui laisse place aux nuances et à l’analyse qui font défaut à nos imaginaires fictionnels. Il y a là un beau paradoxe en filigrane : le fait de personnifier la guerre dans des chef·fes qui l’auraient souverainement décidée tend aussi à faire de la guerre quelque chose, en dernier ressort, d’arbitraire (et donc aussi potentiellement d’absurde), là où montrer le caractère plus structurel, ancien, systémique d’une guerre pourrait nous donner l’impression qu’elle est inévitable voire nécessaire.

Conscient·es de ces enjeux, plusieurs auteur·ices proposent une lecture moins cadrée du concept de guerre et de ses temporalités. Dans une approche plus graduelle et processuelle, il s’agirait moins de sortir instantanément de la guerre que de « faire la paix » sur un temps long. La paix serait alors à construire, à œuvrer. Si cette interprétation est sans conteste plus proche de la réalité guerrière, elle participe au flou temporel qui qualifie la guerre contemporaine. Si la paix n’advient pas quand la guerre s’achève, sommes-nous encore en guerre ? À quelles conditions la paix en progression peut-elle basculer dans un qualificatif exclusivement pacifié ? Comment se situer alors face à celui qui fut l’ennemi sans imposer une amnésie collective ? Comment se positionner en tant qu’entité politique quand on ne peut refermer les portes
de Janusn ?

L’omniprésence des récits, et leur injonction à prendre position, à distinguer les bons des méchants, engage une posture guerrière en amont de la guerre, qui risquerait bien d’entrainer celle-ci.

Il me semble qu’une des perspectives fécondes pour repenser le concept de guerre dans ce contexte de mise en récit serait de revenir à l’ambition ancestralen d’une codification des conflits guerriers. À l’opposé de la (dis)qualification du droit accusé d’idéalisme juridique échouant à la canalisation de la guerre, je propose ici de ne pas tant recourir au droit pour humaniser ou bannir la guerre des relations internationales (c’est-à-dire pour qualifier la pratique de la guerre de juste ou d’injuste du point de vue du respect des formes juridiques imposées par le droit international) que de le voir comme intrinsèquement conjoint à la qualification même de l’être guerrier. Il se pourrait alors que les flous temporels encouragés par l’omniprésence du récit guerrier puissent être relativisés grâce aux effets du droit : une délimitation permettant de qualifier la guerre.

Il s’agirait alors de proposer une autre modalité du dire guerrier, qui exige que le conflit soit interprété dans le registre du droit international pour être guerrier. Que le récit de la guerre doive s’encombrer de modalités d’interprétations juridiques de celle-ci : y a-t-il une déclaration de guerre? Un acte qui puisse être interprété comme tel dans le registre du droit − la violation d’une neutralité, par exemple − qui permette de qualifier le conflit de guerre ? Un traité de paix qui y mettrait fin ? Cette exigence d’un appel au droit dans le récit guerrier permettrait de réinstaurer des balises temporelles à la guerre, permettant à la fois de reconnaitre qu’il y a des temporalités guerrières en amont et en aval de la guerre (ce que j’ai appelé des temporalités marginales), et à la fois que toute relation ne peut être lue à partir d’un prisme guerrier (« guerre des sexes », « guerre contre le covid », etc.), si elle n’est pas prévue et dite dans et par le droit. Un tel recours au droit permettrait alors à la fois de rendre compte des temporalités marginales et processuelles de la guerre, puisqu’il ne suffira pas à limiter la guerre effectivement, et à la fois de limiter le concept de guerre pour éviter que la guerre ne soit dite en dehors d’elle-même… avec les effets néfastes que l’on sait.

Il devient alors possible de répondre à la critique qui accuserait le droit de ne rien produire en tant que tel relativement à la guerre, critique qui signifierait que le droit ne vient qu’acter une situation politique déjà avérée. Or, à travers cette formalisation, il semble que l’atout oublié du droit puisse être d’abord et avant tout de réinscrire la guerre dans une temporalité propre. Manière de raviver le vieux rêve moderne d’une guerre limitée.

À travers l’exposition de différents enjeux d’une mise en récit univoque de la guerre, il ne s’agit aucunement de renoncer ici au récit en tant que tel, dont le recours est un vecteur de compréhension, de connaissance et d’affranchissement humain indispensable à nos épanouissements. Il s’agit seulement de mettre en lumière ce que le type de discours dominant sur la guerre peut produire, à travers ces trois modalités du dire guerrier (le récit dominant et manichéen, le récit d’un temps guerrier exclusif et le discours juridique) dans l’espoir de rendre aux récits leurs facultés émancipatrices, afin que leur multiplication et leur diversité puissent nous permettre de penser la guerre au lieu de nous éloigner toujours plus de sa réalité et de ses causes profondes. Plutôt que de débattre sur le fait que tel ou tel conflit est une guerre ou pas, il s’agit de pouvoir raconter la guerre de différentes manières, le droit étant une des manières de la raconter, qui permet aussi de nous protéger d’un manichéisme trop simple, et d’une temporalité réductrice.

 

Image : ©Joanna Lorho

1

Dans la continuité d’une dénonciation de l’usage de la rhétorique guerrière pour qualifier la pandémie du covid-19 telle que nous l’avions développée Déborah Brosteaux et moi-même en mars 2020.

2

Voir l’analyse d’un retour de la guerre juste proposée (et instrumentalisée) par Carl Schmitt, Nomos de la terre, Puf, 1950.

3

Voir à ce sujet John Horne et Alan Kramer, 1914. Les Atrocités allemandes. La vérité sur les crimes de guerre en France et en Belgique, Tallandier, 2005 et 2011.

4

Voir le méticuleux travail sur la sortie de guerre proposé par l’historien français de la Grande Guerre, Bruno Cabanes, La victoire endeuillée. La sortie de guerre des soldats français (1918- 1920), Seuil, 2004.

5

Voir Pierre Chaunu, « Le fils de la morte », in Bruno Cabanes, La victoire endeuillée. La sortie de guerre des soldats français (1918-1920), op. cit., p. 535

6

Bruno Cabanes et Guillaume Piketty, « Sortir de la guerre : jalons pour une histoire en chantier », Histoire et Politique n°3, novembre-décembre 2007, p. 2.

7

Voir à ce sujet les évènements qui dégénérèrent dans la capitale belge à l’annonce de l’armistice, au cours desquels un agent de police bruxellois et un jeune garçon de 14 ans perdirent la vie, in Sophie De Schaepdrijver, La Belgique et la Première Guerre mondiale, Presses interuniversitaires européennes Peter Lang, 2004, p. 288.

8

Difficulté qu’on peut étendre à l’ensemble du champ des sciences sociales, dans la lignée des travaux de Stéphane Audoin-Rouzeau, lequel fait l’hypothèse d’une forme de cécité atteignant nos facultés cognitives lorsqu’il s’agit de faire face à la violence. Hypothèse selon laquelle il persiste, en sciences sociales, et en histoire particulièrement, quelque chose comme un refus d’approcher les violences extrêmes de la bataille, du combat. Refus d’autant plus frappant qu’il semble s’affirmer plus que jamais à l’époque contemporaine, époque pourtant tristement florissante de l’activité guerrière. Alors que la totalisation et la brutalisation de la guerre semblent être les gestes guerriers du siècle, l’étude de la violence n’a jamais été plus taboue, plus dissimulée. Voir Stéphane Audoin-Rouzeau, « Violence extrêmes de combat et refus de voir », Revue internationale des sciences sociales n°174, 2002/4, p. 543-549.

9

Voir à ce sujet l’ouvrage de Thomas Berns, La guerre des philosophes, Puf, 2019.

10

L’héritage du théoricien Clausewitz, qui fait de « la guerre la continuation de la politique par d’autres moyens » est ici manifeste.

11

La polémologie (littéralement « science de la guerre », du grec ancien polemos « guerre », et logos « étude ») est une branche de la théorie des relations internationales mettant l’accent sur la compréhension des conflits, de leur origine et de leur fonctionnement. (Wikipédia)

12

Gaston Bouthoul, Avoir la paix, Grasset, 1967, p. 239.

13

Comme le disait déjà Bouthoul, « la motivation consciente n’a souvent rien à voir avec la causalité véritable. Les motifs en matière de guerre et de paix sont le plus souvent les simples raisonnements justificatifs de nos impulsions collectives. Leur rôle est le plus souvent de donner à ces impulsions une expression et une argumentation pseudo-rationnelles et surtout conformes aux idéologies, aux croyances et aux valeurs du temps », in Gaston Bouthoul, Avoir la paix, Grasset, 1967, p. 239.

14

À l’Antiquité, les portes du temple de Janus avaient cette double fonction spirituelle et politique : fermées en temps de paix, elles étaient ouvertes une fois la guerre déclarée pour permettre à la divinité de suivre et de protéger les combattants sur le champ de bataille, mais aussi pour informer la population du statut et positionnement politique de la Cité à l’égard de ses voisin·es.

15

Déjà entreprise par le droit fécial romain, chargé d’intervenir dans les déclarations de guerre et les traités d’alliances pour accompagner ces actes juridiques de formalités religieuses, puis formalisé dans le droit des gens modernes qui cherchait à qualifier la justice de la guerre exclusivement à partir du respect de ses formes (à travers les ius ad bellum et ius in bello).

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