Mai 2023 - travail

28-04-2023

Voici l’infolettre de mai 2023 ⚟ sur le travail

Édito

1er mai ! Journée de convergence des luttes et revendications pour les travailleur·ses du monde entier. Le travail définit beaucoup plus que nous ne le pensons notre itinéraire de vie (thème développé dans le Journal de Culture & Démocratie n°48 — Travail). En effet, si la vie humaine se structure autour de durées (ou temporalités) différentes – sociales, économiques, individuelles – celles-ci s’entremêlent et parfois s’opposent. L’individu contemporain semble centré sur l’instant tandis qu’une accélération continue s’impose à lui dans tous les domaines comme si nous vivions une saturation inédite du « maintenant », doublée d’une injonction permanente à l’adaptabilité. Il en était notamment question dans notre Journal n°54 — Temps : Qu’est-ce que le temps du travail ? L’asbl Synergie Wallonie est pionnière dans la réflexion sur les politiques temporelles en Belgique. Dans l’article « Pour des politiques temporelles », sa directrice Reine Marcelis, explique ce dont il s’agit : « On s’est rendu compte que les femmes avaient des difficultés à trouver ou garder un emploi parce que souvent elles étaient soit à temps partiel, soit à horaires décalés et qu’il n’y avait pas de services adaptés pour l’accueil des enfants. Dans les échanges que nous avons pu avoir avec différents autres syndicats, nous nous sommes aperçu qu’en Italie, les organisations syndicales, féminines notamment, avaient œuvré à la mise en adéquation des services. » Le résultat, entre 1992 et 1996 une dizaine de structures d’accueil d’enfants en Wallonie ouvrent entre 5h du matin et 23h. Pour aborder une problématique inhérente au sujet, le travail non-rémunéré des femmes, rendez-vous le 1er mai à Plein Publik (Bruxelles) où le comité Femmes Eliane Vogel-Polsky invite au débat. Il sera aussi question des stages non-rémunérés mais largement obligatoires au sein des formations.

Et si la démocratie ne s’arrêtait plus aux portes de l’entreprise ? Et si les travailleur·ses n’étaient plus cantonné·es à un rôle d’exécutant·es mais participaient désormais aux décisions qui les concernent ? Comment permettre plus de solidarité et d’autonomie face aux contraintes du modèle capitaliste ? C’est à ces questions que le second volet de Nosfuturs.net (récits audiovisuels sous forme de productions documentaires) du Centre Vidéo de Bruxelles tentera de répondre : mise en ligne… Le 1er mai ! D’ici là, pour découvrir un exemple parlant de contraintes professionnelles nées de l’obligation de rentabilité imposée par notre société, nous vous conseillons la lecture de l’article « Urgences à l’hôpital » (Journal de Culture & Démocratie n°54 — Temps). Emmanuelle Desmet, infirmière-cheffe des soins intensifs du Centre Hospitalier de Wallonie picarde y parle de « la logique purement financière » qui régit aujourd’hui l’hôpital : « Ce qu’il faut dans notre secteur c’est être rentables et la question du temps donné aux soignant·es pour faire du lien n’entre pas dans l’équation. » Effrayant ! Mais alors pourquoi, face à ce manque de temps dû à l’impératif de rentabilité, le MOC lance un appel ce 1er mai pour une réduction collective du temps de travail ? Car elle permettrait d’une part une répartition des richesses via une embauche compensatoire impliquant une diminution du nombre de chômeur·ses et via une augmentation de salaire pour les travailleur·ses – dont 80% de femmes – contraint·es au temps partiel qui les maintient dans la précarité. D’autre part, une diminution du stress, de la fatigue et des maladies (dont les nombreux burn-out) pour les travailleur·ses : il s’agit d’une manière très concrète de freiner la logique mortifère du tout-au-profit et de diminuer l’emprise du travail capitaliste sur nos vies.

Prenons le temps d’exister avant de prendre celui de travailler, revendiquons notre « droit à l’otium » ! C’est l’un des conseils de Jean-Miguel Pire qui, pour résister à cette marche frénétique du temps productif, questionne la possibilité d’un otium, un temps libéré de la marche du monde, conçu comme un « retrait fécond » (Journal de Culture & Démocratie n°54 — Temps). En effet, à quoi ça sert de travailler dans un monde fatigué ? Le mardi 16 mai (Bruxelles) Thomas Coutrot, membre des Économistes atterrés et militants altermondialistes, est invité par Ce qui nous arrive à parler du sens du travail. En guise d’introduction, vous pouvez lire l’article « Pied écrasé, bouche bâillonnée », un entretien avec Felipe Van Keirsbilck (Journal de Culture & Démocratie n°48 — Travail). L’ambivalence du travail s’y révèle : à la fois émancipateur et aliénant. C’est surtout cette dernière dimension qui semble primer aujourd’hui dans le travail, celui-ci étant vidé de sa substance culturelle. L’action syndicale, par la fonction de représentation, par la langue commune qu’elle permet de partager, redonne-t-elle de cette substance ? Réponse à lire dans l’article par celui qui était alors le secrétaire général de la CNE.

Face aux violences institutionnelles et à la répression, que peuvent en effet la convergence des luttes, la réflexion et l’action collectives ? Cette question sera posée lors d’un débat organisé par le Club Achille Chavée à La Louvière dans le cadre des grèves et manifestations qui se multiplient sans que les pouvoirs en place ni le patronat n’y répondent positivement. Au contraire, la répression policière se fait de plus en plus violente. Les interventions de la justice dans les conflits sociaux sont les signes inquiétants d’entraves au droit de grève, de limitations aux libertés syndicales, dont l’actualité autour de la franchisation des magasins Delhaize n’est qu’un triste exemple de plus. La solution serait-elle de penser en commun(s) ? (Cahier de Culture & Démocratie n°8, 2018). Envisagés comme manière spécifique de gérer une ressource, comme principe politique offrant une alternative au capitalisme ou encore comme l’ensemble des activités citoyennes fondées sur la participation, les communs interrogent les modèles dominants. Aujourd’hui, partout dans le monde, nombreux·ses sont les militant·es, artistes, opérateur·trices, culturel·les, développeur·euses, juristes, habitant·es ou associations qui mettent en œuvre les principes des communs, portant ainsi une nouvelle manière de travailler, une nouvelle manière de vivre ensemble, une nouvelle manière de faire de l’économie : longue vie aux luttes sociales, bon 1er mai !

Solidairement,

L’équipe de Culture & Démocratie

Références citées : ▪️ « Urgences à l’hôpital », entretien avec Emmanuelle Desmet, infirmière-cheffe des soins intensifs du Centre Hospitalier de Wallonie picarde, Journal de Culture & Démocratie n°54 — Temps
▪️ Pour aller plus loin sur cette thématique du temps à l’hôpital, voir aussi en ligne l’article de Guillermo Kozlowski, « Numérisation à l’hôpital, un gain de temps ? »
▪️ « Pour des politiques temporelles », entretien avec Reine Marcelis, directrice de l’asbl Synergie Wallonie pour l’Egalité entre les Femmes et les Hommes, Journal de Culture & Démocratie n°54 — Temps.
▪️ « Prendre le temps d’exister. Pour un droit universel à l’otium », Jean-Miguel Pire, chercheur à l’École Pratique des Hautes Études (Paris), Journal de Culture & Démocratie n°54 —Temps.
▪️ « Pied écrasé, bouche bâillonnée », entretien avec Felipe Van Keirsbilck Secrétaire général de la CNE (Centrale nationale des employés), Journal de Culture & Démocratie n°48 — Travail.
▪️ Penser la culture en commun(s) ? Cahier de Culture & Démocratie n°8, 2018.

 

il y a… ARCHIVES de Culture & Démocratie

 

 

À l’occasion de son année anniversaire de trente ans, Culture & Démocratie vous invite à plonger tous les mois dans l’une de ses archives

Ce mois-ci, un extrait de l’édito du premier Journal de Culture & Démocratie à l’occasion du 8 mai, journée contre le fascisme afin de rappeler l’engagement des projets de l’asbl.
Le 8 mai 1945 est le jour de capitulation de l’Allemagne nazie. Ce jour devrait être celui de la commémoration de la victoire de la démocratie sur le fascime : pour se souvenir, pour mettre en garde, pour défendre, en tant que moment de cohésion sociale et d’expression collective d’une volonté de paix et de solidarité.

découvrir le Journal de Culture & Démocratie n°1

en savoir plus sur la Coalition 8 mai

 

une CITATION pour mai

 

Extrait de l’article « Ce que fait l’économie collaborative au travail », entretien avec Michel Bauwens, théoricien de l’économie collaborative, Journal de Culture & Démocratie n°48 — Travail, 2018.

Michel Bauwens est informaticien. S’inspirant du fonctionnement en réseau « pair-à-pair » (peer-to-peer ou P2P) des ordinateurs qui ont la capacité d’entrer en contact sans nécessité d’un point central ou d’une permission, il est persuadé que ce modèle pourrait s’adapter à une structure sociale dans laquelle chacun·e serait capable de communiquer et de collaborer. Le P2P permettrait la création de valeurs communes en partageant ses connaissances. La production de ressources ne serait pas due à une motivation financière mais à la libre participation des citoyen·nes-contributeur·ices. C’est un changement de perspective et de dynamique sociale. Le P2P permettrait à chacun·e de contribuer aux manquements de l’autre, abolissant la compétition comme paradigme civilisationnel. Pour Michel Bauwens, le P2P est le socialisme du XXIème siècle.

lire l’article en entier

un LIVRE pour mai

 

Extrait du livre La Renaissance des communs. Pour une société de coopération et de partage, David Bollier, traduit de l’américain par Olivier Petitjean, éditions Charles Léopold Mayer, 2014, 192 p.
Présentation et commentaire du livre par Morgane Degrijse, dans Neuf essentiels pour penser la culture en commun(s), Culture & Démocratie, 2017, p.42-51.

David Bollier, auteur, activiste, blogueur et politique du Massachusetts aux États-Unis, explore depuis les années 1990 les thèmes liés aux communs. Dans cet ouvrage, il présente une synthèse qui se veut accessible au commun des lecteur·ices et volontairement étrangère aux querelles vaseuses d’universitaires. En effet, à ses yeux, les communs ne représentent pas « une idéologie utopiste, mais plutôt [une] révolution au coup par coup conduite par des rêveurs pragmatiques et avisés, déterminés à construire des alternatives vivantes et fonctionnelles » (p. 20).

lire la présentation et le commentaire du livre

 

Plateforme d’observation des DROITS CULTURELS

La recherche de la Plateforme a la chance d’observer des réalités diverses et importantes !

En témoigne le suivi de la Commission citoyenne du folklore organisée par la Maison culturelle d’Ath avec une soixantaine de citoyen·nes de la commune pour décider de l’avenir du personnage du « Sauvage », à présent renommé « Diable ».

Par ailleurs, est publié sur le blog de la plateforme un article adressant la question de la liberté artistique, dans le contexte d’actualisation du décret arts de la scène l’été dernier, à partir d’un échange avec Isabelle Meurens, directrice de Contredanse.

visuel : couverture du nouveau numéro de Nouvelles de danse par l’asbl Contredanse

l’article entier

 

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L’infolettre de Culture & Démocratie est une sélection de plusieurs de nos contenus d’archives ou récents qui sont mis en lien avec des actualités. Les éditos présentent donc chaque fois une thématique différente à travers diverses réflexions et points de vue partagés dans nos productions.