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Rapport entre champ socioculturel et champ de la création : quelle appropriation des droits culturels, en cours et à venir ?

Olivier Van Hee
Maitre de conférence et vice-président du Master en Gestion culturelle de l’ULB, directeur au service général de l’Inspection de la culture

01-12-2020

Il ne s’agit pas ici de définir le champ socioculturel, mais il est cependant nécessaire de distinguer deux types d’opérateur·ices : territorialisé·es et non territorialisé·es. Les opérateur·ices territorialisé·es développent une action sur et à partir d’un territoire et de ses habitant·es. Ce sont par exemple les centres culturels, les centres de jeunes, les centres d’expression et de créativité (CEC), etc. Les opérateur·ices non territorialisé·es, comme les associations d’éducation permanente (EP) ou les Organisations de jeunesse, ont un lien de moindre force avec la collectivité ancrée localement (à l’exception de l’axe consacré à l’animation en EP).

Le rapport historique entre le champ socioculturel et celui de la création ne date pas d’hier et a été nourri d’expériences diverses. Au début des années 1980, un ministre de la Culture, Pierre Wigny, décide de soutenir un certain nombre de communes en équipements culturels décentralisés : c’est ce qu’on appellera le Plan Wigny. Beaucoup d’infrastructures bâties dans ces années-là sont d’ailleurs encore exploitées aujourd’hui, notamment par les centres culturels, ce qui en fait un acteur essentiel de la diffusion des œuvres.

Quelques chiffres :

  • 56 % de la diffusion professionnelle de la Fédération Wallonie-Bruxelles passe par les 118 centres culturels (chiffres d’Art et Vie) ;
  • 96% des centres culturels programment des œuvres inscrites dans le catalogue de spectacles « Art et vie » reconnus par le Service de la Diffusion ;
  • 86% des centres culturels programment des œuvres inscrites dans le programme « Spectacles à l’École » ;
  • 120 centres d’expression et de créativité offrent des espaces de pratiques artistiques ;
  • 150 réseaux de Lecture publique invitent des auteur·ices ;
  • 200 centres de jeunes accueillent de jeunes musicien·nes, plasticien·nes, vidéastes, etc.

Ces quelques chiffres actuels permettent de constater d’une part que le lien entre la diffusion des œuvres et le réseau territorialisé du champ socioculturel est très intense, pas forcément dans le sens de la création, mais plutôt dans celui de la rencontre entre une œuvre et un public. La dynamique de l’accès à la culture est donc très importante. D’autre part, la création bénéficie plutôt d’un autre type de réseau, qui est celui des institutions de création (les théâtres, par exemple). Ces opérateurs et opératrices soutiennent des discours alternatifs ainsi que l’expérimentation artistique et culturelle.

PREMIÈRE ASCENSION – GRIMPETTE PARMI LES OCCURRENCES DES DROITS HUMAINS DANS LES DÉCRETS DU CHAMP SOCIOCULTUREL EN FÉDÉRATION WALLONIE-BRUXELLES

Les acteurs et actrices socioculturel·les sont reconnu·es par des décrets, qui sont eux-mêmes porteurs de valeurs référentes: démocratie culturelle, démocratisation de la culture. Souvent, ces valeurs ont été induites par les acteur·ices eux·elles-mêmes car la Belgique est un pays où l’État se profile comme relativement non-planificateur. Cela signifie que les associations, les mouvements associatifs, les acteur·ices et les opérateur·ices sont associé·es aux réflexions politiques et participent au processus d’élaboration des décrets. Ils et elles induisent ainsi d’une certaine manière leur nature, leur forme et leur contenu, ce qui n’est pas nécessairement le cas dans les pays voisins. Il s’agit d’une particularité sans doute due en partie au fait que l’État belge soit un acteur relativement faible au sein de notre organisation politique et sociale, laissant la place aux mouvements sociaux comme moteurs des grandes mutations.

Ces différents décrets portent sur des objets, définis dans leur article 1er, faisant référence aux droits humains de façon directement explicite ou indirectement opérationnelle. Il convient d’en mentionner trois avant d’aborder le décret relatif aux centres culturels de 2013, qui fait explicitement référence aux droits culturels.

  1. Le décret sur les centres de jeunes (2000, revu en 2008) fixe certaines conditions pour accéder à la reconnaissance, en faisant explicitement référence aux droits humains : « 2º Être ouvert à tous les jeunes dans le respect des droits de l’Homme ; 3º Respecter et défendre, au même titre que toute personne exerçant une responsabilité en son sein, les principes contenus dans la Déclaration universelle des Droits de l’Homme […] ; 4º Avoir pour objectif de favoriser le développement d’une citoyenneté critique, active et responsable […]. » (Article 1er)
  2. Le décret sur la Lecture publique (2009) soutient « les opérateurs qui œuvrent au développement des pratiques de lecture de la population en Communauté française. Il vise à favoriser l’accès au savoir et à la culture par la mise à disposition de ressources documentaires et culturelles […] ». (Article 1er)
  3. Le décret sur les centres d’expression et de créativité (2009) stipule que : « La démarche des associations visées par le présent décret s’inscrit dans une perspective d’émancipation sociale et culturelle et favorise l’expression citoyenne.» (Article 1er, §2)

Cette préoccupation de la dimension émancipatoire de la culture est donc présente jusque dans des décrets qui ciblent plus précisément les pratiques artistiques, ici amateures pour ce qui concerne les CEC.

Le décret sur les centres culturels (2013) est quant à lui un véritable laboratoire d’expérimentation. Il soutient « l’action des centres culturels afin de contribuer à l’exercice du droit à la culture des populations, dans une perspective d’égalité et d’émancipation » et stipule que « l’action des centres culturels augmente la capacité d’analyse, de débat, d’imagination et d’action des populations d’un territoire, notamment en recourant à des démarches participatives ». (Article 2)

Pour rebondir sur les autres points de vue exprimés, il est vrai que ce décret a une portée relativement limitée en termes d’analyse juridique car le droit ne résout pas tout. L’appel est peut-être plus profondément symbolique, dans la continuité de l’appel aux valeurs de la démocratie culturelle et de la démocratisation de la culture, déjà présentes dans les précédents décrets. Ce sont les acteurs et les actrices eux·elles- mêmes qui peuvent aller plus loin que le droit, en s’appuyant sur ces valeurs référentes. C’est dans la référence aux droits culturels – qui peut fonder une nouvelle dimension des politiques culturelles aujourd’hui – que se situe le levier de ce décret. Le fait de mentionner l’exercice des droits culturels comme l’augmentation de « la capacité d’analyse, de débat, d’imagination et d’action des populations d’un territoire », voté à l’unanimité par le Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, est assez révolutionnaire.

Ces termes ont bien entendu un impact sur la manière dont les acteurs et actrices de terrain se sont approprié la notion de droits culturels et l’ont traduite en actions culturelles. Le décret constitue en effet un pas relativement important, d’un potentiel certain et dont les applications concrètes n’ont pas encore été véritablement mesurées, mais sur lesquelles il est intéressant de se pencher. Il existe actuellement 118 centres culturels reconnus sur 143 communes en Fédération Wallonie-Bruxelles. Ils couvrent ensemble environ 70% du territoire des communes francophones, ce qui n’est pas anodin. Environ 7% d’entre eux se situent dans la première phase d’application du décretn. Comment les centres culturels se sont-ils approprié les droits culturels tels que formulés selon l’intention des législateur·rices ?

DEUXIÈME ASCENSION – MONTÉE EN APPROPRIATION DES DROITS CULTURELS

Le décret de 2013 relatif aux centres culturels est ce qu’on appelle un décret « liberté ». Le seul horizon contraint est celui de la méthode : les centres culturels sont invités à suivre une méthodologie particulière, dite « boucle procédurale», à partir de laquelle ils doivent définir le contenu de leur action en référence à l’exercice des droits culturels. Il s’agit d’une opération relativement simple dans la théorie mais plus compliquée à mettre en pratique.

La première étape de la boucle consiste à réaliser une analyse partagée du territoire, c’est-à-dire à retourner vers les populations et les questionner, afin de faire émerger et définir des enjeux de société. Ces enjeux portent sur ce qui pose question à l’échelle de la collectivité, sans se limiter au champ culturel ou socioculturel. Les centres culturels doivent alors transcrire ces enjeux de société en opérations culturelles et concrétiser le tout dans leur programmation. La dernière étape est constituée de l’autoévaluation de l’ensemble du processus, avant de se relancer dans l’analyse partagée. La boucle se répète tous les cinq ans, période sur laquelle se définit le cahier des charges.

Les 118 centres culturels reconnus par la Fédération Wallonie-Bruxelles arrivent aujourd’hui chacun au moins au bout d’une première phase quinquennale, les premiers étant entrés dans le dispositif en 2014. Il est donc dès à présent possible de présenter quelques résultats, basés sur une série d’hypothèses préliminaires, en attendant une analyse approfondie qui nous apportera des éléments plus concrets. Au sein du service général de l’Inspection de la culture, il apparait manifeste que l’appropriation des enjeux – questions de société adressées à et par la communauté locale – et leur traduction opérationnelle constitue une phase importante de cette mécanique.

Quels enjeux ont été identifiés par les centres culturels, en lien avec leur appropriation des droits culturels ? Une première hypothèse, formulée à partir de l’observation des dossiers de demandes de reconnaissance adressés par les centres culturels à l’Administration générale de la culture en FWB, distingue deux voies. Une première, dans laquelle l’enjeu, d’étendue large, s’inscrit dans une continuité par rapport au projet existant du centre culturel. Ce choix est lié à une vision plutôt généraliste des droits culturels, considérés comme confondus ou relativement proches des droits humains dans leur ensemble. Dans ce cas, l’effectivité sera assez facile à démontrer, ou en tous cas démontrable, et les créateur·ices seront convoqué·es par les centres culturels comme au- paravant. Il s’agit par exemple de préoccupations qui s’apparentent à l’exercice du vivre ensemble, travailler l’identité de façon générale – avec tout ce que cela peut comporter comme risque, évidemment –, retrouver l’espace public ou encore redonner la parole à la jeunesse. Les centres culturels qui se sont approprié ce type d’enjeu favoriseront plutôt l’accès à la culture et la participation à la culture comme leurs maitres-mots.

Une seconde voie possible est celle du choix d’enjeux dont l’étendue est un peu plus limitée mais qui sont en rupture avec le projet existant (ou au contraire l’approfondissent) en ciblant une question qui n’a pas encore été posée jusque-là. Souvent ces enjeux vont cibler l’un ou l’autre des droits humains, dont l’effectivité sera plus difficile à démontrer car ce sont des changements réels qui sont visés. Les impacts seront donc moins facilement perceptibles. Les créateur·ices seront toujours convoqué·es, mais invité·es à s’adapter aux enjeux, tels que la place des identités mino- ritaires en centres urbains densifiés, le passage de l’impertinence à la reconnaissance ou encore l’isolement des populations dans les villages ruraux, qui a notamment pour conséquence un faible accès aux équipements, aux formations et à l’emploi. Ces enjeux ont une portée un peu plus verticale, en profondeur, et vont donc avoir une autre nature d’effectivité sur l’exercice des droits. Le travail de médiation se révèle central dans le traitement de ces enjeux.

La place de la création n’a pas tellement bougé dans les programmations des centres culturels, où les artistes continuent à être invité·es à la table. Ils et elles ont souvent été très présent·es dans les analyses partagées du territoire, cette phase de retour vers le terrain, vers les populations. Ils et elles sont aussi présent·es dans les conseils d’orientation, ces conseils consultatifs de la population et de la vie associative locale mis en place par le nouveau décret.

Le modèle-type des analyses partagées constitue un outil créatif et générale- ment mobile qui consiste à aller dans les quartiers et dont la mise en œuvre a souvent été confiée à des artistes. Cela a permis aux créateur·ices d’être présent·es dès le départ dans l’ensemble du processus, que le centre culturel ait suivi l’une ou l’autre des deux voie décrites ci-dessus. Cette implication forte et continue de leur part a permis de ne pas les mettre à l’écart, ce que beaucoup avaient craint avec l’instauration du décret, mais également de ne pas instrumentaliser leurs propositions.

TROISIÈME ASCENSION – LE K2 DE L’ÉDUCATION PERMANENTE

Il serait bien évidemment faux de penser que les droits culturels couvrent harmonieusement le lien entre la création et la population. Cela ne veut pas pour autant dire que toute la Gaule est soumise… Non, un village résiste ! Pour preuve, la partie du secteur associatif inscrite dans une démarche d’éducation permanente recouvre un réseau très vaste de près de 280 associations reconnues par un décret de 2003 récemment réformé. Celui-ci place l’exercice des droits humains au centre de l’action et constitue le décret de la Fédération Wallonie-Bruxelles qui contient la référence la plus explicite aux droits culturels :

« Le présent décret a pour objet le développement de l’action associative dans le champ de l’éducation permanente visant l’analyse critique de la société, la stimulation d’initiatives démocratiques et collectives, le développement de la citoyenneté active et l’exercice des droits sociaux, culturels, environnementaux et économiques dans une perspective d’émancipation, individuelle et collective des publics en privilégiant la participation active des publics visés et l’expression culturelle» (Article 1er, §1)

Cette formulation de 2003 est encore actuellement celle qui va le plus loin sur la question des droits culturels, d’une pertinence inestimable dans une démocratie vivante car elle vise à toucher les populations qui sont à l’écart des centres de décision.

Une des questions qui se posent aujourd’hui est celle du « K2 » ou de l’escalade du fond et de la forme. Parmi les préoccupations les plus prégnantes se trouve la mise en forme contemporaine de la démarche « éducation permanente » et du fait associatif, qui demande à être confortée continuellement. Les créateurs et créatrices sont relativement peu présent·es dans ces mises en forme car elles découlent généralement de méthodologies enracinées qui ont déjà fait leurs preuves via toute une série d’indicateurs positifs.

L’évolution des projets et des structures a provoqué l’apparition de formats désinstitutionnalisées, c’est-à-dire des modes coopératifs, le refus de toute aliénation (y compris aux subventions), les démarches innovantes, transversales, souvent éphé- mères et urbaines, avec des structurations alternatives. On sort du modèle classique de l’ASBL en affirmant sa volonté de ne pas avoir de président·e, alors que la loi l’attend. Beaucoup d’étudiant·es en gestion culturelle – bien un tiers d’un auditoire d’environ 70 personnes – se lancent par exemple, après leur Master, dans des aventures non- institutionnalisées. Ces formes qui émergent aujourd’hui impliquent très souvent des créateurs et créatrices qui travaillent, vivent, échangent et rencontrent des populations, des publics avec des méthodologies différentes.

Ces nouveaux espaces socioculturels désinstitutionnalisés questionnent l’ensemble des acteurs et actrices du champ socioculturel, mais peut-être encore plus fondamentalement le secteur de l’éducation permanente. D’où l’intérêt, l’utilité, voire la nécessité d’un dialogue constructif, qui engage à une évolution vers des logiques de décloisonnement des démarches d’éducation permanente et du champ de la création. Cela pourrait devenir un enjeu majeur de l’éducation permanente dans les années à venir. Cette hypothèse est consolidée en partie en faisant référence au chapitre « éducation permanente » de la déclaration de politique communautaire 2019-2024 de la fédération Wallonie-Bruxelles qui annonce spécifiquement « mener une réflexion sur la pertinence de soutenir des projets, démarches ou modèles d’organisation innovants ou expérimentaux et de développer des nouveaux projets en éducation permanente, novateurs sur les méthodes, les contenus ou encore les publics » (p. 43).

Les droits culturels, dans leur fonction symbolique et accessoirement juridique, prolongent de façon indiscutable les fondements des politiques culturelles, et créent une certaine cohérence en leur sein. Les acteur·ices socioculturel·les en sont investi·es, lentement mais surement, et la création a pris le train en marche, sans trop de surprise. À titre d’illustration peut être mis en avant le nombre d’enjeux de société traités dans la rentrée littéraire, qui se trouvent aussi au cœur de la programmation du Théâtre National et des centres d’art contemporain. Les formes enracinées sont sans cesse interpellées par des formes émergentes.

Il reste tout de même de grands défis à relever, comme par exemple celui, majeur, du statut d’artiste. Il ne pourra en effet pas y avoir d’exercice plein et assumé des droits culturels si un·e des acteur·ices culturel·les n’est pas reconnu·e dans son statut, notamment à travers la création. Il s’agit de trouver un équilibre indispensable. L’instauration du PECA (Parcours d’Éducation Culturelle et Artistique) en fait aussi partie: le fait de rassembler au sein d’une même plateforme de discussion les créateur·ices, les opérateur·ices, les enseignant·es et les élèves ne peut que favoriser l’exercice des droits culturels de 3 à 18 ans.

Image : © Anne Leloup

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Ces chiffres sont issus du Rapport d’activités 2018 et Bilan de la législature 2014-2019 de la Commission des Centres culturels de la Direction des Centres culturels, édité chaque année.

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