Regard d’un citoyen culturel sur l’invasion d’Ukraine

Comme vous, je suis préoccupé par ce que nous vivons en Ukraine et en Russie. Je ne vous parle pas de la guerre, mais de toutes ces vies qui devront se reconstruire malgré les mensonges, les manipulations, les narrations nationalistes et univoques, les « bons sentiments », etc.

Car qu’importe qui on est, la perte d’un fils, d’une fille, d’un parent reste la disparition d’un être cher. Qu’un foyer détruit, qu’une migration forcée reste et restera pour longtemps une blessure à jamais ouverte.

Je ne vais pas m’étendre sur la géopolitique de masse, sur les mots usés par la propagande de guerre, qu’ils viennent d’Ukraine, de Russie ou d’ailleurs. Ce n’est pas mon métier, ce n’est pas mon urgence.

Par contre, c’est bien sous mon regard de citoyen culturel que je me permets de prendre parole et de vous écrire.

S’il est un fait évident que nous ne pouvons – hélas – nous opposer aux bombes et aux diktats manichéens de cette guerre, nous pouvons par contre œuvrer grâce à notre besoin de culture.

J’invite les professionnels à sortir des rayons les livres des auteurs ukrainiens et russes, les publics à inciter les libraires et bibliothécaires à les acheter ou à les présenter, les lecteurs à faire tourner les références, les passionnés de musiques à pointer leurs pépites musicales slaves, les cinéphiles à nous inciter à remettre en question nos idées sur le monde et à nous reconnecter avec sa complexité. Ne cherchons pas à comprendre par l’art, la culture et la création les origines du mal, ce n’est pas mon propos. Cherchons simplement à accueillir l’autre comme quelqu’un qui nous ressemble – loin des caricatures et des mèmes vendus par la société de consommation bien pensante.

Modestement, simplement et doucettement, pour comprendre le monde, n’écoutons pas et agissons culturellement. La démocratie n’est pas seulement une affaire politique ! Elle est aussi et surtout, une affaire de connections, d’émancipations et d’élan créatif.

Soyons courageux.