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Notices bibliographiques

Traité de l’usure, Jacques-Bénigne Bossuet

Roland de Bodt

13-02-2021

Édition Lachat, tome XXXI, 1879 (1682), pages 21 à 59.

↦ Au débours des débats ou au ressac des convictions, s’il est une vertu dont l’esprit humain détient la grâce, c’est de reconnaitre – contre vents et marées, sous les brumes étirées au long des quais de l’histoire, dans le clapotis incertain des encombres portuaires – les qualités d’une personne dont il ne partage ni les passions ni les jugements ni les espoirs ni les avis. Au gré de tels feux, la liberté de penser se forge d’autres horizons, au détriment de l’esprit de secte, de tribu, de clocher ou de clan ; elle atteint alors la haute mer des contradictions humaines. Dans cette laïcité étendue qui reconnait les complexions légitimes de la croyance dans ses diverses diversités, les enjeux laissent percevoir d’autres profondeurs à l’âme humaine, au miroir de la vie spirituelle, d’une lumière plus aveuglante et d’une obscurité plus éblouissante, sans doute.

Présentation

BOSSUET ET SON ŒUVREn
Aujourd’hui, Jacques-Bénigne Bossuet (1627-1704) est encore présenté comme un orateur de grand talent et un homme d’église influent au siècle de Louis XIV: principal défenseur de l’église gallicane (de France) et polémiste engagé au service de la Contre-Réforme, négociateur infatigable d’une « paix des églises », évêque de Meaux, précepteur du Dauphin, académicien, il est l’auteur d’une œuvre magistrale : à la Bibliothèque royale de Belgique, il existe une édition de ses œuvres complètes en 43 volumes. La bibliothèque de la Pléiade lui consacre son trente-troisième volume (1961) qui comporte un choix de textes: oraisons funèbres, panégyriques, histoire universelle, sermons, relation au quiétisme. Cette publication, qui représente moins du dixième de l’œuvre complète de Bossuet, est établie à l’initiative de l’abbé Bernard Velat et d’Yvonne Champailler ; si elle comporte une introduction par trop synthétique et nécessairement réductrice, la chronologie, quant à elle, se révèle plus généreuse. Outre les appuis au sein de la Cour et notamment l’influence de la reine-mère pendant la jeunesse de Louis XIV, elle signale de grandes amitiés: Boileau-Despréaux, Fénelon, Claude Fleury, Vincent de Paul, Antoine Arnauld, etc.
Pour cet article, j’utilise une autre édition, numérisée par la Bibliothèque nationale de france, publiée en 31 volumes entre 1862 et 1879 sous la direction de François Lachat, pour le compte de l’éditeur Louis Vivès à Parisn. Au XXIe siècle, on édite peu Bossuet. Sauf à recourir aux éditions numériques, l’accès à son œuvre reste finalement très partiel et trop partial. Paul Valéry met en exergue l’art de l’orateur et, dans cet art, principalement, l’exceptionnel patrimoine de constructions rhétoriques de ses oraisons funèbres, de ses sermons et de ses panégyriques : « Dans l’ordre des écrivains, je ne vois personne au-dessus de Bossuet; nul plus sûr de ses mots, plus fort de ses verbes, plus énergique et plus délié dans tous les actes du discours, plus hardi et plus heureux dans la syntaxe, et, en somme, plus maitre du langage, c’est-à-dire de soi-même. »n
Récemment – et dans l’esprit de ne pas limiter cette figure de Bossuet aux seuls rets de la littérature française – Arnaud Odier publie une biographie Bossuet, la voix du Grand Sièclen. Il tente de restituer l’infatigable travail de cet homme d’église, pris dans les multiples controverses philosophico-religieuses de son temps; il lui apparait aussi comme un grand homme d’état, conseiller de Louis XIV durant plus de trente ans, de 1670 jusqu’à sa mort (1704).

BOSSUET ET LE PROCÈS DU THÉÂTRE
Dans le cadre de la présente publication qui participe d’un travail documentaire relatif à un projet de création théâtrale, il me parait indispensable de documenter ne serait-ce que brièvement la relation qu’a entretenue Bossuet à l’égard de l’activité spectaculaire de son siècle (notamment et non des moindres : Corneille, Molière, Racine, Lully, etc.) Ceci d’autant plus que durant toute la seconde moitié du XVIIe siècle, une « querelle» soutenue oppose l’église et les professions du théâtre, et dans cette querelle où interviennent de nombreuses voix – tant en amont qu’en aval de la révocation de l’édit de Nantes (1685) – Bossuet apparait comme l’auteur d’une des plus inexorables condamnations de cette pratique artistique, dans les « Maximes et réflexions sur la comédie» qu’il rédige en réponse au manifeste que le Père Caffaro avait publié en faveur de la comédie.
Charles Urbain et Eugène Levesque ont publién une édition critique des différents textes de cette querelle qui opposait le Père Caffaro à Bossuet. Cette sentence de Bossuet, qui intervient après la mort de Molière (1673) et après celle de Corneille (1684), n’épargne aucun des grands auteurs du théâtre français de la seconde moitié du siècle. Les échanges passionnés et passionnants des divers arguments relatifs aux finalités de l’art et à son efficacité supposée ou réelle sur l’imagination et sur les mœurs des spectateur·rices, devraient être étudiés par toutes celles et ceux qui s’intéressent à l’art de la représentation scénique et plus particulièrement par celles et ceux qui ambitionnent d’y faire profession.
Cette charge historique de Bossuet contre l’art de la représentation scénique ne me parait pas un argument suffisant pour renoncer à le référencer en regard du projet de Rémi Pons et de son collectif, et tout au contraire m’encourage à le documenter quant à la question principale, celle de la dette et de son inévitable corollaire, celle de la pauvreté, en 2019.

PRÉSENTATION DU TRAITÉ DE L’USURE
Il n’existe pas, à ma connaissance, de réédition récente, présentée et commentée de ce texte. En exergue de son édition, François Lachat indique que le traité a été composé pendant l’Assemblée du clergé de 1682 et publié dans les œuvres posthumes de 1753. Bernard Velat, signale dans la chronologie que Bossuet présente à cette assemblée les « Quatre Articles » qui résument les libertés de l’église gallicanen. Ces articles qui constituent une certaine forme de séparation des pouvoirs entre l’église de Rome, l’église de France, la Royauté et ses sujets seront adoptés, cette année-là. Il faut souligner ici que la question de l’usure implique des positions diverses de la part de la papauté, des différents courants dans l’église, des différentes royautés et autorités publiques en Europe, des sujets eux-mêmes. Entre la fin du XVIIe siècle et le début du XVIIIe siècle, les débats sont réguliers et nourris sur ce thèmen et les positions des différents acteurs évoluent, notamment sous la pression du commerce et de la banque qui sont en pleine extension.
À cinquante-cinq ans, face aux considérations établies par Hugo Grotius, dans ses œuvres, Bossuet entreprend de répondre en construisant ce que nous pourrions regarder comme une histoire culturelle de « l’usure» établie du point de vue des textes de la tradition judéo-chrétienne. Il va donc documenter et commenter huit propositions distinctes, aux sources des écritures Saintes (Ancien et Nouveau Testament) et de la tradition écrite (notamment des Pères de l’église).
Les principales visées du traité sont précises, il s’agit :
– de définir ce qu’on peut appeler « usure » : « La loi détermine clairement que c’est le surplus; ce qui se donne au-dessus du prêt, ce qui excède ce qui est donné et selon notre langage, ce qui est au-dessus du principal » (Proposition I, p. 22) ;
– de montrer qu’elle est défendue de longue date et les raisons qui ont justifié son interdiction : « Car il n’est pas juste de se faire un revenu du malheur de son concitoyen mais de l’aider dans ses besoins […] Que si l’on ne veut pas donner, qu’on prête du moins volontiers, sans recevoir davantage que son principal. Car les pauvres par ce moyen ne seront pas accablés, comme ils le seraient étant contraints de rendre plus qu’ils n’ont reçu […] ne jugeant pas juste qu’on tire profit de l’argent» (Proposition I, p. 23) ; « Il se fonde sur les raisons tirées de l’humanité et de la justice» (Proposition VI, p. 45) ;
– de définir le statut de l’usure en regard de la loi : « Il ne faut pas s’étonner qu’il mette le meurtre et la violence avec l’usure» (Proposition II, p. 25) ;
– de définir le statut de l’emprunteur : « Celui qui emprunte n’est pas celui qui est dans l’abondance mais celui qui est dans le besoin et qui devient encore plus pauvre, ajoutant des usures au principal » (Proposition II, p. 26) ;
– d’universaliser cette interdiction par les effets de la loi évangélique : « Selon ces principes, il faut entendre que l’usure n’est pas seulement défendue dans les mêmes cas, c’est-à-dire envers tous ceux de même croyance, comme l’était aux juifs, mais encore envers tous les hommes » (Proposition IV, p. 40) ;
– d’étendre le champ de l’interdiction de l’usure à tous les actes équivalents : « Et toutes les fois que nous trouverons qu’en permettant un certain profit de l’argent, la loi de Dieu sera éludée et ne subsistera qu’en paroles, nous devons tenir ce profit enfermé dans la défense divine » (Proposition VII, p. 58).

ANTÉCÉDENTS : FIGURES DE LA PAUVRETÉ ET DU MAUVAIS RICHE
Si le Traité de l’usure date de 1682, les écrits de Bossuet qui traitent explicitement de la pauvreté ou du mauvais usage de la richesse relèvent plutôt de sa jeunesse, de son engagement social et de la fréquentation régulière de Vincent de Paul.
Bossuet définit la pauvreté dans le panégyrique de Saint François d’Assise qu’il rédige et prêche à Metz en 1652. Il a alors vingt-cinq ansn : « Lorsqu’on a inventé ce nom, on a voulu exprimer non point un mal particulier mais un abime de tous les maux et l’assemblage de toutes les misères qui affligent la vie humaine. […] De sorte que nous pourrions, au contraire, appeler la pauvreté un mal général parce que les richesses ayant tiré de leur côté la joie, l’affluence, l’applaudissement, la faveur, il ne reste à la pauvreté que la tristesse et le désespoir et l’extrême nécessité et, ce qui est plus insupportable, le mépris et la servitude. »n Plus loin dans le texte, il rappelle que « la guerre, l’horreur du genre humain, le monstre le plus cruel que l’enfer ait jamais vomi pour la ruine des hommes, n’a presque rien de plus effroyable que cette désolation, cette indigence, cette pauvreté qu’elle entraine nécessairement avec elle »n. Dans le même paragraphe, il dénonce que « la seule pauvreté a cela de commun avec le vice, qu’elle nous fait rougir, de même que si être pauvre c’était être extrêmement criminel ». Je n’ai pas le sentiment que ces formulations doivent nous laisser indifférent·es en 2019. Enfin et pour montrer comment Bossuet, jeune, avertit les riches des bouleversements qu’il entrevoit sans préjuger des évènements du siècle suivant: « Ô riches de ce siècle, que vous avez tort de traiter les pauvres avec un mépris si injurieux. Afin que vous le sachiez, si nous voulions monter à l’origine des choses, nous trouverions peut-être qu’ils n’auraient pas moins de droit aux biens que vous possédez. La nature ou plutôt, pour parler plus chrétiennement, Dieu, le Père commun des hommes, a donné dès le commencement un droit égal à tous ses enfants sur toutes les choses dont ils ont besoin pour la conservation de leur vie. Aucun de nous ne se peut vanter d’être plus avantagé que les autres par la nature. »n Cela ne fait pas de Bossuet l’inventeur du droit naturel mais Rousseau – qui rédigera Du contrat social près de cent vingt années plus tard – ne semble pas si loin !
Il a trente-deux ans en 1659 lorsqu’il écrit et prononce le « Sermon sur l’éminente dignité des pauvres » qui a fait l’objet d’une récente réédition présentée par Alain Supiot, professeur au Collège de France, dans la collection « Mille et une nuits »n. Dans l’exposé introductif à ce sermon, Bossuet rappelle que le Christ « est venu au monde pour renverser l’ordre que l’orgueil y a établi, de là vient que sa politique est directement opposée à celle du siècle» et il entreprend de démontrer cette opposition selon trois plans distincts : « Premièrement, dans le monde les riches ont tout l’avantage et tiennent les premiers rangs; dans le royaume de Jésus-Christ la prééminence appartient aux pauvres qui sont les premiersnés de l’église et ses véritables enfants. Secondement, dans le monde les pauvres sont soumis aux riches et ne semblent nés que pour les servir ; au contraire, dans la Sainte église, les riches ne sont admis qu’à condition de servir les pauvres. Troisièmement, dans le monde les grâces et les privilèges sont pour les puissants et les riches, les pauvres n’y ont part que par leur appui ; au lieu que dans l’église de Jésus-Christ, les grâces et les bénédictions sont pour les pauvres, et les riches n’ont de privilèges que par leur moyen […] puisque les pauvres qui sont les derniers dans le monde sont les premiers dans l’église ; puisque les riches qui s’imaginent que tout leur est dû, et qui foulent aux pieds les pauvres, ne sont dans l’église que pour les servir; puisque les grâces du Nouveau Testament appartiennent de droit aux pauvres, et que les riches ne les reçoivent que par leurs mains » (p. 426). En tant que description de la réalité de son temps ou en tant que vérité révélée, le texte de ce sermon est irrecevable mais en tant que clarification de la doctrine sociale de l’église et en tant que nouveau paradigme sociétal, il est potentiellement révolutionnaire, avant l’heure.
Bossuet a trente-cinq ans, en 1662, lorsqu’il écrit et prononce le « Sermon du mauvais riche». Dans ce discours, Bossuet dénonce entre autres choses les aveuglements irréductibles de la logique d’accaparement : « Par cet abandon aux choses licites, il se fait dans tout notre cœur un certain épanchement d’une joie mondaine; si bien que l’âme se laissant aller à tout ce qui lui est permis, commence à s’irriter de ce que quelque chose lui est défendu. Ha! quel état! quel penchant! quelle étrange disposition! Je vous laisse à penser, Messieurs, si une liberté précipitée jusqu’au voisinage du vice ne s’emportera pas bientôt jusqu’à la licence : si elle ne passera pas bientôt les limites, quand il ne lui restera qu’une si légère démarche. Sans doute, ayant pris sa course avec tant d’ardeur dans cette vaste carrière des choses permises, elle ne pourra plus retenir ses pas: et il lui arrivera infailliblement ce que dit de soi-même le grand saint Paulin: « Je m’emporte au-delà de ce que je dois, pendant que je ne prends aucun soin de me modérer en ce que je puis […]», dans leur abondance, il se fait un fonds d’iniquité qui ne s’épuise jamais. C’est de là que naissent ces péchés régnants, qui ne se contentent pas qu’on les souffre ni même qu’on les excuse mais qui veulent encore qu’on leur applaudisse. C’est là qu’on se plait de faire le grand par le mépris de toutes les lois […] C’est alors que la convoitise va tous les jours se subtilisant et enchérissant sur elle-même. De là naissent des grands vices inconnus, des monstres d’avarice, des raffinements de volupté, des délicatesses d’orgueil qui n’ont pas de nom. Et ce qu’il y a d’étrange, c’est qu’au milieu de tous ces excès, souvent on s’imagine être vertueux, parce que, dans une licence qui n’a point de bornes, on compte parmi ses vertus tous les vices dont on s’abstient.» (« Le Carême du Louvre », p. 95-96)
Il faudrait probablement pourvoir à un examen beaucoup plus complet de l’ensemble des sermons, panégyriques et oraisons, un patrimoine de plusieurs centaines de textes, pour identifier les multiples formules par lesquelles Bossuet traite des relations sociales, de la richesse et de la pauvreté, en son temps.

Commentaire

En quoi le Traité de l’usure peut-il être utile pour nous, aujourd’hui, en 2019 ? Tout dépend comment on le lit. Si on se place dans une perspective théologique, si on recherche une vérité infaillible, un accès à la révélation divine, les arguments où fonder sa foi, une adhésion aux vérités de la religion, une herméneutique subtile, savante et longuement méditée de la tradition des Pères de l’église ou des textes sacrés, le traité de Bossuet peut paraitre probablement décevant. Si on se place sur le plan de l’exactitude historique ou sur celui de la vérité scientifique, on pourrait également déchanter.
Si, par contre, on opte pour une lecture plus culturelle, c’est-à-dire détachée de son emprise religieuse et de sa prétention à la vérité historique ou absolue, le texte devient immédiatement utile pour le lecteur ou la lectrice contemporain·en. L’essentiel me parait effectivement ailleurs. Bossuet, par ce traité consacré à un problème de société qui nous concerne directement et qui nous confronte à des situations d’injustice au quotidien, nous montre plusieurs choses essentielles pour nous, ici et maintenant :

1. Dégagé du problème de la vérité et de la croyance, ce qu’il nous présente comme l’église de Jésus-Christ peut être appréhendé comme un paradigme culturel, politique, moral et social qui s’oppose à l’économie du siècle présent comme il s’opposait déjà à l’économie du siècle de Bossuet. Il y a donc eu moyen de penser autrement, de parler autrement, de débattre autrement, de revendiquer autrement, il y a seulement trois cents ans; et, en ce sens, le Traité de l’usure vient enrichir notre patrimoine d’utopies imaginaires et créatives pour ressourcer notre capacité d’invention d’autres manières d’être ensemble humain·es au monde ;

2. Ce qu’il nous présente comme tradition, laisse supposer que l’humanité a connu par le passé de longues périodes où il a été possible de penser, de discuter et peut-être parfois d’agir autrement le rapport à l’argent, à la possession, à la pauvreté, à l’accès aux biens essentiels à la vie, au droit à la dignité et au bon usage de la richesse. Et cela permet aussitôt de relativiser les acharnements dogmatiques de la culture de l’économie mondiale de marché, de la culture de la finance internationale et de la bourse (TINA – There Is No Alternative) et d’inaugurer, au nom de ce passé, une mise en cause immédiate de ces dogmes ;

3. Il nous indique aussi l’intérêt de constituer l’histoire culturelle en prenant appui sur des acquis antérieurs (des textes de référence ou des faits établis) et de cette manière de nous outiller pour défendre un système de valeurs qui correspond à nos aspirations.

Cela ne fait pas la révolution, mais cela aide à penser autrement, à se sentir moins isolé·e dans cette nécessité, à se sentir aussi relié·e à l’histoire de l’humanité au moment de s’opposer à la violence économique et sociale qui caractérise notre temps.

Mots-clés
Charité – Don – Emprunt – Fraternité – Justice – Loi divine – Loi naturelle – Pauvreté – Prêt à intérêt – Profit – Usure

Contenu
Première proposition: Dans l’ancienne loi, l’usure était défendue de frère à frère, c’est-à-dire d’Israélite à Israélite ; et cette usure était tout profit qu’on stipulait ou qu’on exigeait au-delà du prêt / Deuxième proposition: l’esprit de la loi est de défendre l’usure comme ayant en elle-même quelque chose d’inique / Troisième proposition: Les chrétiens ont toujours cru que cette loi contre l’usure était obligatoire sous la loi évangélique / Quatrième proposition: Non seulement la défense de l’usure portée dans l’ancienne loi subsiste encore, mais elle a dû être perfectionnée dans la loi nouvelle, selon l’esprit des préceptes évangéliques / Cinquième proposition: La doctrine qui dit que l’usure, selon la notion qui en a été donnée, est défendue dans la loi nouvelle à tous les hommes envers tous les hommes est de foi / Sixième proposition: L’opinion contraire est sans fondement / Septième proposition: La loi de Dieu défendant l’usure défend en même temps tout ce qui y est équivalent / Huitième proposition: La police ecclésiastique et civile, pour empêcher l’effet de l’usure, ne doit pas seulement empêcher ce qui est usure dans la rigueur mais encore tout ce qui y mène

1

Cette recherche documentaire a été menée en collaboration avec Claude Fafchamps, dans le cadre du chantier relatif aux « dramaturgies du XXIe siècle», au sein de l’association Arsenic2. La version intégrale du présent texte (réduit pour l’édition papier) est disponible en ligne ici.

2

Cette version peut être consultée en ligne ou téléchargée au départ du site de la Bibliothèque nationale de France. Attention: chaque volume comporte plus de six cents pages !

3

Paul Valéry, « Variété II », 1929. Le texte de la notice de Paul Valéry a été repris in extenso par Constance Cagnat-Debœuf, dans le volume Sermons. Le Carême du Louvre (1662), Gallimard/Folio, 2001, p. 287-289.

4

Éditions du Cerf, 2017.

5

Grasset, 1930.

6

Arnaud Odier a pris l’heureuse initiative d’additionner à sa récente biographie (Le Cerf, 2017) un « document» consacré au « gallicanisme» (p. 153-156) et qui reprend le texte intégral de ces articles.

7

On consultera à ce propos, l’article d’Yves Durand consacré à « Usure et prêt à intérêt» dans le Dictionnaire de l’Ancien régime, PUF, 2010, p. 1242-1243.

8

Le texte intégral est dans le volume de la Bibliothèque de la Pléiade, p. 235-258.

9

Bibliothèque de la Pléiade, volume XXXIII, p. 241.

10

Ibid.

11

Ibid., p. 244.

12

Alain Supiot, Bossuet, De l’ éminente dignité des pauvres, Fayard,2015. Cette édition étant momentanément en rupture de stock au moment de ma rédaction, j’ai dès lors consulté le texte, en version numérique, dans le huitième volume de l’édition des Œuvres complètes, établie par François Lachat chez Louis Vivès, p. 425-439.

13

Nous pouvons, d’une certaine manière, constater combien la prétention de détenir l’immuable vérité ou la nécessité impérieuse d’adhérer par une croyance absolue aux dogmes de la révélation, toutes ces postures de la religion font obstacle à la lecture ou à la compréhension du texte, pour le lecteur ou la lectrice du troisième millénaire; elles en affaiblissent même l’intérêt.

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Neuf essentiels (études) 8
Neuf essentiels sur la dette, le surendettement et la pauvreté