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Notices bibliographiques

Vous avez dit totalitarisme ? Cinq interventions sur les (més)usages d’une notion – Slavoj Žižek

Sébastien Marandon, membre de Culture & Démocratie

19-01-2022

VOUS AVEZ DIT TOTALITARISME ?

CINQ INTERVENTIONS SUR LES (MÉS)USAGES D’UNE NOTION

Slavoj Žižek
Traduction de Delphine Moreau et Jérôme Vidal

Amsterdam, 2013, édition augmentée, 312 pages.

Présentation

Philosophe et psychanalyste, Slavoj Žižek est né en 1949 en Slovénie dans un pays, à l’époque, communiste. Il déploie sa réflexion autour de la question : « Où en sommes-nous donc aujourd’hui Son travail, qui mêle culture populaire et savante, cherche à sortir de l’unilatéralisme de TINA (il n’y a pas d’alternative au libéralisme mondialisé) tout en veillant à ne pas s’enfermer dans de nouveaux dogmatismes. La notion de totalitarisme et les totalitarismes historiques sont justement à la croisée de ces deux écueils: ils ne doivent pas être invoqués pour justifier l’immobilisme d’un monde en crise.

La totalité n’est pas tout…

Caractéristique de l’ensemble de l’œuvre, l’axe théorique fondamental de la pensée de Slavoj

Žižek, s’alimente à ses lectures, toujours renouvelées et polymorphes, du philosophe Georg Hegel et du psychanalyste Jacques Lacan. Son souci est de dissocier les notions d’absolu et de totalité que l’on puise en général dans les œuvres de ces auteurs. Žižek confronte alors l’exigence de la totalité (tout savoir, tout faire, tout rassembler) à la double affirmation d’un savoir absolu maintenu comme horizon (version hégélienne) et d’une impossibilité de clore quoi que ce soit (version lacanienne). La difficulté suscitée par la volonté d’articuler ces deux affirmations, sans tomber dans le relativisme ou le scepticisme, se mesure à son style de pensée qui ne peut jamais déboucher sur une synthèse aboutie ou pleine, et en reste toujours à un agrégat d’idées à la fois excessif et en manque, déboité en quelque sorte.

Lorsqu’on se lance dans la lecture d’un texte de Žižek, on a l’impression d’être en face d’une pensée qui nous échappe. Le·a lecteur·ice est vite emporté·e par des formules, des anec- dotes et des références à des livres classiques ou à des séries de télévision ; tout un tissu mobile mélangeant des registres habituellement très éloignés les uns des autres. L’auteur ne cherche pas à donner à ses pensées la forme d’un système fermé sur lui-même, mais nous invite à emprunter un chemin le long duquel zigzaguent ses idées.

Contre le relativisme, Žižek semble gesticuler comme un « clown » – selon une figure qu’il apprécie beaucoup – afin de satisfaire à cette exigence : il faut sauver quelque chose de l’ordre de l’absolu, de la vérité mais cela ne peut s’accomplir qu’en récusant radicalement toute velléité de totalité. En un mot, la vérité est toujours mi-dite (à méditer) puisque la dire entièrement est une entreprise impossible ou totalitaire. Encore cela ne signifie-t-il pas qu’il faille la contrefaire.

Contre le scepticisme et le cynisme des nanti·es, Žižek affirme qu’il y a encore des histoires collectives à inventer et que certains possibles, certains à-venir sont meilleurs que d’autres. Il soutient la nécessité de continuer à se battre pour réduire les inégalités sociales et les injustices de classe au nom de la dignité.

Problématique

Est-ce que les pensées qui proposent une alternative à notre monde globalisé fondé sur la croissance indéfinie du Capital sont condamnées à devenir « totalitaires » ? Le titre du livre Vous avez dit totalitaire ? fonctionne comme un tiroir à double fond. L’ouvrage contribue à une réflexion, à la lumière des totalitarismes d’hier, sur les risques totalitaires que l’on encourt aujourd’hui. Or, pour Žižek, aujourd’hui l’invocation de la notion de totalitarisme fonctionne souvent à vide. Elle masque mal le refus d’une partie des spectateur·ices du monde occidental de vouloir changer quoi que ce soit à nos modes de vies. La mondialisation protégée par TINA – There Is No Alternative – agite l’épouvantail du totalitarisme afin d’empêcher les réformes ou les changements sérieux. Le livre de Žižek explore donc les conditions qui permettraient de sortir de cette cloche idéologique désamorçant toute pensée un peu différente, en la taxant systématiquement de liberticide.

Dès l’introduction Slavoj Žižek analyse cette menace d’un renouveau des régimes totalitaires brandie par les gouvernements des démocraties occidentales comme une forme de « subterfuge». Un subterfuge est un moyen habile de se sortir de l’embarras, une diversion pour détourner l’attention des problèmes réels. Dès qu’un parti, un syndicat ou une association veut remettre en cause l’accumulation indéfinie du capital ou le caractère sacré de la propriété privée, on les taxe systématiquement de danger pour la démocratie.

L’usage de la référence au totalitarisme sert donc aujourd’hui de paravent au déni de toute proposition alternative en politique. En dehors de la démocratie globalisée et de l’économie mondialisée, tout changement politique est-il condamné à être taxé de totalitaire parce qu’il contiendrait automatiquement les germes des goulags et des camps de demain ?

Soyons très clair·es, Slavoj Žižek ne souhaite absolument pas remettre en cause la spécificité et l’horreur des totalita- rismes nazi et stalinien, ces formes extrêmes d’organisations et

de violences politiques. Néanmoins il affirme que, dans notre époque postmoderne qui a vu la chute du Mur de Berlin et la fin d’un monde bipolaire, invoquer de manière inconséquente et constante les totalitarismes passés à propos de phénomènes du présent permet à de nombreux commentateur·ices de cacher les abjections contemporaines : « Au lieu de nous permettre de penser la réalité historique qu’ils prétendent nommer, ils nous dispensent, ou pire, nous empêchent positivement de penser», dit Žižek. Dès lors, que dissimule l’épouvantail d’une résurgence du totalitarisme ?

Agiter le chiffon rouge des totalitarismes d’hier et d’une renaissance du risque totalitaire à l’instar d’« antioxydants idéologiques » neutralise « les radicaux libres », dit avec humour Žižek. Évoquer les camps ou les purges devant toute tentative de pensée radicale empêche son approfondissement sous le prétexte qu’elle nous ferait courir le risque de réanimer les monstres d’hier. Par conséquent, se référer au totalitarisme aujourd’hui, c’est utiliser un interrupteur, un « denkverbot » une sorte d’interdit de penser –, écrit Žižek.

Plan du livre

Le livre s’organise en cinq chapitres qui déploient, chacun, un aspect de la notion de totalitarisme et la volonté de les actualiser en les liant à notre monde postmoderne. Ils ne sont pas « totalisables », comme indiqué ci-dessus, et le·a lecteur·ice doit s’attendre à ce que le plan de l’ouvrage appa- raisse incomplet ou présente des failles. On a l’impression que la forme du livre de Žižek, et en particulier la difficulté à relier ses cinq parties les unes aux autres selon une démarche cohérente, fait écho à la problématique de l’ouvrage. En effet, vouloir éliminer tout manque constitue l’un des symptômes fondamentaux des maladies totalitaires.

L’âme se définit-elle comme une construction fictive destinée à divertir ou à être dépassée ou fait-elle signe vers quelque chose de bien plus profond et que les mythes et la psychanalyse ont mis à jour ? Jacques Lacan nomme cette fonction symbolique fondamentale « le vide du désir de l’autre ». Les êtres doués de parole se nourrissent de rêves et d’histoires à dormir debout afin de continuer à vivre. Les totalitarismes et la notion philosophique qui en découle refusent justement cette dimension à une partie de l’humanité au nom d’une totalité sans reste ni différence, que celle-ci prenne la forme d’une « race» supérieure, d’une classe unique ou d’une parousie. Lacan oppose à ce besoin de tout enclore sous une unité, sa notion du « Pas-tout », c’est-à-dire le refus de réifier l’humanité sous une définition définitive, ou notre résistance à s’identifier à une essence intangible.

C’est pourquoi, dans le chapitre un, Žižek s’intéresse aux mythes. En convoquant de grandes figures de la psyché humaine telles que Hamlet, Œdipe ou James Bond, Žižek s’engage dans une réflexion à contre-courant du « positivisme » moderne : tout n’est pas convertible en calcul! Contre une conception bouchère de l’humanité, où l’on vend un pauvre pour le prix d’une paire de sandale ; contre une utilisation instrumentale de la raison où l’on réduit toute chair en viande commercialisable, Zizek rappelle que l’espèce humaine a besoin de mythes pour vivre et non d’une rationalité ges- tionnaire et réductionniste.

Ce qui est totalitaire aujourd’hui, c’est la propension du mercantilisme et du capital à envahir tous les compartiments de nos vies afin d’imposer une logique uniforme : maximi- sation des profits, réduction des couts, individualisation des responsabilités et globalisation qui marquent le recul des protections sociales et la montée des inégalités. À l’ère du postmodernisme et du soupçon généralisé qui désamorcent toutes les expériences sérieuses susceptibles de maintenir cette faille poétique, Žižek souhaite nous faire sentir – ce n’est pas une démonstration – que notre monde se nourrit d’une pensée de machines et de rouages. La réelle menace totalitaire aujourd’hui réduit l’être humain à de la pure matière première et du désenchantement cynique.

Sommes-nous des êtres illuminés ? Les chapitres deux et trois tentent d’éclaircir cette question fondamentale en la confrontant à la figure du·de la musulman·e dans les camps de concentration nazis et celle de la victime consentante des grands procès staliniens. Chez Žižek, l’illumination, correspond à ce que Lacan nomme « la fonction symbolique », une fonction irréductible à la raison instrumentale et qui résiste à toute tentative de totalisation.

Contre les stratégies postmodernes de dépolitisation et de victimisation qui « disqualifie[nt] comme comparativement négligeables au mal absolu de l’holocauste, les formes de violence dont les États occidentaux sont responsables dans le Tiers-Monde», la figure du·de la musulman·e attire notre attention sur une figure impossible et limite. les musulman·es sont ces hommes et femmes dépouillé·es de leur humanité et assujetti·es à leurs fonctions organiques de pure survie. Or cette opération de transsubstantiation de l’être humain en matière survivante est vouée à l’échec: même les nazis produisaient des restes…

De même, l’accusé des procès staliniens renonce librement à sa dignité au nom d’un idéal qui le rétrécit au simple rôle de véhicule vers un horizon qui le dépasse.

Or notre humaine condition est fondée sur l’impossibilité d’une telle soustraction qui ne conserverait que nos pures fonctions végétatives ou idéologiques. Les deux cas extrêmes des totalitarismes allemands et soviétiques indiquent, dans leurs échecs respectifs, tous les deux le même lieu. Il existe un irréductible ou un indicible humain: rêve, inconscient, poésie et révolte. « Le besoin de croire doit être consubstantiel à la subjectivité humaine. » Lacan reformule : « l’absence de tragédie propre à la condition moderne rend cette condition plus terrifiante encore. »

Pour prendre un exemple concret, quand Boukharine, compagnon de route de Lénine, accepte d’endosser le rôle de coupable pour des crimes qu’il n’a pas commis lors des procès et des purges staliniennes de 1938; il accomplit ce geste pour le Parti et l’avènement du communisme. Mais s’il se sacrifie pour la cause, il refuse de croire qu’il est coupable et il conjure Staline, dans une lettre privée, de reconnaitre que le procès n’est rien d’autre qu’une mise en scène, nécessaire sans doute mais fictive. Or c’est précisément à ce minimum de subjectivité et d’autonomie personnelle auxquelles le Parti lui demande de renoncer ! Le malentendu est total entre Boukharine et le totalitarisme stalinien. Il ne s’agit pas de justice mais de propagande et de communication. Boukharine devient un outil au service des « lendemains qui chantent». Pour le comité central du Parti, la forme ultime de la trahison de Boukharine consiste justement dans son attachement entêté à ce reste de liberté personnelle.

Et pourtant, bien que les régimes communistes aient engendré une des formes du totalitarisme et malgré leurs échecs patents, ils ont suscité aussi des attentes utopiques. Pensons à ces communistes qui, devant le peloton d’exécution, continuaient à chanter l’Internationale au plus fort de la terreur stalinienne… Le courage intellectuel de Žižek réside dans son refus de jeter le bébé avec l’eau du bain. Le communisme permet d’espérer autre chose que le règne inconditionné de la propriété privée. À la place du consensus de la marchandise et de TINA, Marx propose son abolition et une réforme du travail et du vivre ensemble.

C’est l’objet des deux derniers chapitres. Žižek emploie l’image du bouton de l’ascenseur. Les ingénieur·es nous font croire qu’en appuyant sur le bouton « fermer les portes» nous accélérons la procédure de leur fermeture bien que le temps reste identique. Ce placebo nous rassure par une illusion de contrôle. Mais les portes de l’ascenseur sont programmées à l’avance ! Cette participation factice constitue une métaphore adéquate de nos démocraties libérales et postmodernes dans lesquelles le relativisme plural des choix individuels cache mal le fait qu’il repose sur un antagonisme de classe irréductible. Žižek se moque de nos sociétés tolérantes et multiculturelles comme d’un faux choix. Le véritable adversaire n’est pas le foulard mais la propriété privée… et l’absence totale d’Esprit qui nous condamne au cynisme et à faire du monde un lieu de pur caprice.

Commentaire

L’intérêt du livre réside dans sa volonté de penser autrement quitte, parfois, à provoquer. Dans le dernier chapitre, Žižek énumère les risques totalitaires d’aujourd’hui et en particulier le recouvrement progressif du numérique dans tous les com- partiments de notre vie. Là encore, Žižek innove et déploie l’art de nous prendre à contre-pied. Il raconte l’histoire d’une personne qui surprend, à travers la fenêtre de son bureau, un directeur et sa secrétaire en train de copuler fougueusement. Elle décide alors de les appeler au téléphone. Le directeur décroche le combiné et il entend : « Je suis ton Dieu et je te vois » ce qui provoque son évanouissement subit et terrifié ! L’intérêt de cette histoire, consiste à saisir qu’une telle réaction n’est pas engendrée par la peur d’être découvert mais causée par la réalisation de son fantasme inconscient d’être vu !

Žižek explique que « le fantasme n’est pas un rêve mais l’idée qu’il y a quelqu’un dehors qui nous regarde». Ce que révèle cette scène sexuelle et ce mot d’esprit raconté par Žižeket que tente de supprimer ou de cacher l’ensemble des pouvoirs totalitaires, c’est justement cet autre; un autre impossible,

« Dieu ? », « Esprit Absolu ? », « vide du manque de l’autre lacanien? » comme si la scène sexuelle avait un double fond, son fantasme qui nous observerait et qui serait nécessaire aux êtres parlants ? Qu’est-ce qu’un homme? s’interroge Saint-Augustin : « Des yeux et des fantômes. »

Ce ne sont pas les pensées radicales mais la machine globalisée qui maximise l’ensemble du monde au nom du Tout argent qui constitue le totalitarisme contemporain.

« Consensus veut dire que les données et les solutions des problèmes sont telles que tout le monde doit constater qu’il n’y a rien à discuter et que les gouvernements peuvent anti- ciper cette constatation qui, allant de soi, n’a même plus besoin d’être faite », dit Jacques Rancière dans Chronique des temps consensuels. Nous devons redécouvrir les bien- faits du dissensus, prescrit Žižek. Il prend comme exemple les algorithmes qui organisent nos réseaux virtuels et les nombreux compartiments de nos vies individuelles et de nos interactions collectives. Or ces lignes de codes ne sont jamais discutées et encore moins rêvées ou fantasmées. Les réseaux devraient faire l’objet d’une socialisation, devenir des espaces où d’autres histoires pourraient se déployer. Dans le même ordre d’idée, les théories du complot et la paranoïa ne sont pas favorisées par la prolifération d’histoires alternatives. Elles trahissent plutôt notre difficulté à supporter le manque, ce vide qui nous structure, et que nous souhaiterions combler une fois pour toute.

Žižek conclut tout en s’interrogeant : n’avons-nous pas besoin de métaphores pour vivre dans le monde et le faire vivre?


Mots clés

Totalitarisme – Symbolique – Grand Autre – Postmodernisme – Communisme –Cynisme – Paranoïa – TINA – Radicalité – Subterfuge

  • Mythe – Liberté – Démocratie libérale et globalisation – Absence de pensée – Cultures populaires – Conception bouchère de l’humanité
  • Fantasme et fétiche – Lacan – Marx – Matrix – Hamlet

Contenu

Introduction : Les antioxydants idéologiques (9) − Chapitre I : Le mythe et ses vicissitudes (17) − Chapitre II : Hitler, un ironiste ? (71) − Chapitre II : Quand le parti se suicide (101) − Chapitre IV : Le deuil, la mélancolie et l’acte (155) − Chapitre V : Les cultural studies sont-elles vraiment totalitaires ? (207) − Conclusions (249)

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Neuf essentiels (études) 9
Neuf essentiels pour une histoire culturelle du totalitarisme
Avant-Propos

Maryline le Corre, coordinatrice à Culture & Démocratie

Pour une histoire culturelle de la notion de totalitarisme

Claude Fafchamps, directeur général d’Arsenic2

Potentiels totalitaires et cultures démocratiques

Thibault Scohier, critique culturel, rédacteur chez Politique et membre de Culture & Démocratie

Les origines du totalitarisme – Hannah Arendt

Roland de Bodt, chercheur et écrivain

Démocratie et Totalitarisme – Raymond Aron

Kévin Cadou, chercheur (ULB )

La destruction de la raison – Georg Lukács

Roland de Bodt, chercheur et écrivain

Vous avez dit totalitarisme ? Cinq interventions sur les (més)usages d’une notion – Slavoj Žižek

Sébastien Marandon, membre de Culture & Démocratie

« Il faut s’adapter » sur un nouvel impératif politique – Barbara Stiegler

Chloé Vanden Berghe, Chercheuse ULB

Le totalitarisme industriel – Bernard Charbonneau

Morgane Degrijse, chargée de projet à Culture & Démocratie

Tout peut changer: Capitalisme et changement climatique – Naomi Klein

Lola Massinon, sociologue et militante

24/7 – Jonathan Crary

Pierre Hemptinne, directeur de la médiation culturelle à PointCulture, membre de Culture & Démocratie.

Le capitalisme patriarcal – Silvia Federici

Hélène Hiessler

Contre le totalitarisme transhumaniste – Les enseignements philosophiques du sens commun, Michel Weber

Pierre Lorquet

Mille neuf cent quatre-vingt-quatre – George Orwell

Thibault Scohier

La Zone du Dehors / Les Furtifs – Alain Damasio

Thibault Scohier

Pour une actualisation de la notion de totalitarisme

Roland de Bodt