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Valeur et Monnaie
Michel Bauwens
En 2024, Culture & Démocratie a rejoint le réseau de la Zinne, la monnaie locale et citoyenne bruxelloise, afin de soutenir une économie alternative au modèle spéculatif capitalisten. Afin de nous éclairer sur le principe de l’économie collaborative, nous avons fait appel à Michel Bauwens, l’un de ses théoricien·nes belges. Cet article retrace l’évolution historique de la comptabilité en Europe pour mettre en lumière ses changements de régimes et de valeurs, du don/contre-don médiéval à la monnaie à intérêt et à l’extractivisme contemporains. Comment faire advenir aujourd’hui un nouveau changement de régime de valeurs ? Plusieurs pistes sont déjà expérimentées à travers les systèmes de comptabilité contributive, de flux ou thermodynamique et ce, à différents niveaux planétaires… Explication et présentation dans cet article !
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Charles Michel et le n’importe quoi sur les migrations
Pierre Hemptinne
Début novembre 2024, monsieur Michel livre ses réflexions politiques de président du Conseil de l’Europe sur le départ. Une sorte de bilan. Sur la politique migratoire de l’Europe, il assume et s’emploie à la légitimer au mépris des faits, en actionnant une sorte de réalité alternative. Même pas des contre-vérités mais du n’importe quoi – du bullshit. Un registre rhétorique qui se répand, triomphe avec Donald Trump, s’affranchit des règles de la saine controverse, mine la démocratie. À ce jeu, c’est le plus culotté qui l’emporte ! Qui est perdant ? À travers l’exemple des propos tenus par Charles Michel, Pierre Hemptinne aborde la question du régime de vérité démocratique, de ses ressorts et du rôle des médias, des chercheur·ses et des acteurs associatifs dans le renforcement de la démocratie.
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Le rejet des exilé·es bafoue la démocratie
Pierre Hemptinne
Le discours anti-migration, banal et omniprésent aujourd’hui, tourne le dos aux savoirs des chercheurs et chercheuses sur l’état actuel des migrations. Sociologues, anthropologues, économistes s’accordent pour dire qu’il n’y a pas de vague migratoire incontrôlable, que l’extrême majorité des personnes qui se déplacent fuient des conditions d’existence insupportables et dangereuses et, à ce titre, devraient être protégées par les conventions internationales. En refusant de prendre en considération l’approche scientifique du fait migratoire, une large partie de la classe politique opte pour l’idéologie partisane et l’arbitraire plutôt que la raison et le sens de l’humanité. Le gain espéré étant principalement électoraliste, instrumentalisant les affects des citoyen·nes via la rhétorique bien connue du bouc émissaire : évacuons les migrant·es et tous les autres problèmes se résoudront d’eux-mêmes. Se constitue ainsi une « affaire migratoire » qui ne se traite plus qu’au niveau des affects, censurant et culpabilisant l’usage et le partage des savoirs objectivés quant à un phénomène que la géopolitique et le changement climatique rendront de plus en plus inéluctable. En outre, cette idéologie de non-accueil, « déni des droits fondamentaux » comme nous le rappellent les juristes Nina Jacqmin et Hélène Crokart, engage notre société dans les rouages du rejet de toute culture différente.
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L’accueil au prisme des droits culturels
Thibault Galland
Le rejet des migrant·es active la peur de voir « notre » culture remplacée par une autre. Explicite dans la victoire de l’extrême droite à Ninove. La médiation culturelle est dès lors une réponse appropriée à ce rejet et à cette peur. En sensibilisant aux droits culturels, complémentaires aux droits humains fondamentaux, elle fournit un cadre pour un accueil authentique qui soit de véritables rencontres et échanges entre personnes exilées et accueillantes. Les droits culturels sont alors ouvertures vers une politique migratoire élaborée démocratiquement, soucieuse de repenser l’habitabilité équitable de la planète, faisant des migrations une chance plutôt qu’un « choc » négatif. Des amorces concrètes, comme au centre culturel de Genappe, montrent que cela relève du possible.
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Faire traces des vies ordinaires pour pluri-penser le monde
Jacinthe Mazzocchetti
L’ethnographie peut conduire à étudier la criminalisation des frontières. Comment s’y effectue le tri entre bon·nes et mauvais·es migrant·es ? Les personnes migrantes sont considérées comme venant profiter de « notre système ». Leur parole, les raisons qui les font fuir, le récit infernal du chemin ne comptent pas, ne sont que mensonges. La police migratoire organise la privation d’histoire des exilé·es, leur refuse le droit à une parole propre, nie leur humanité. Face à cette violence, l’autrice invite à « rendre possibles les effractions narratives » et plaide pour une mémoire collective des traumas migratoires, préalable à transformer le déracinement subi en exil réussi.
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L’ambivalence du « faire trace » dans les luttes des personnes sans papiers en Belgique
Youri Lou Vertongen
Politologue spécialisé dans les enjeux de mobilisations sociales autour des phénomènes migratoires, Youri Lou Vertongen est l’auteur de Papiers pour tous (éditions Academia), qui reprend son travail de thèse sur le collectif de La coordination des sans-papiers de Belgique et plus largement sur quarante années de mobilisations sociales en faveur des personnes sans papiers en Belgique. Lui-même militant engagé dans la défense des droits des étranger·es, Youri Lou Vertongen revient sur l’importance de faire trace de cette histoire minoritaire pour constituer une mémoire des luttes appropriable.
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Géopolitique de l’accueil inconditionnel à travers six lieux, six entretiens
Hélène Hiessler
Nous publions dans ce dossier plusieurs entretiens réalisés à différentes dates avec six lieux d’accueil : La Petite Maison (LPM), l’occupation Rockin’Squat (R’S) et la ZK House (ZKH) à Bruxelles, La Trame (LT) à Die, les Refuges Solidaires (RS) dans les hauteurs de Briançon, la Maison Sésame (MS) à Herzeele près de Dunkerque. Un minuscule échantillon, mais entre ces témoignages – tous datés car les réalités y changent vite –, aux pratiques marquées par des contextes géographiques et matériels singuliers, les échos sont nombreux, les divergences aussi. En préambule, nous proposons une sorte de panorama qui souligne les fortes dynamiques de solidarité qui innervent ces expériences et ce qu’elles ont à nous apprendre. C’est une plongée dans la réalité des migrations que les politiques et les médias dominants évitent d’évoquer et de porter à la connaissance des citoyen·nes. Ces témoignages montrent d’autre part que l’inconditionnalité totale de l’accueil, si elle est non seulement désirable et indispensable au niveau du respect des droits humains par les États, reste un horizon difficile à atteindre à cause précisément des « lois immigrations » promues par l’Europe et les États membres sous influence des discours d’extrême droite.
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Archiver pour pouvoir raconter, aujourd’hui et demain
Abdourahmane Dieng
On l’appelle Pap, mais son nom est Abdourahmane. Il est Sénégalais, arrivé au collectif la Voix des sans-papiers (VSP) à Liège en 2015. Caméraman de formation, il est aujourd’hui responsable technique et audiovisuel, archiviste et l’un des porte-paroles de VSP. Avec les moyens du bord, il pallie l’absence de couverture médiatique sur la réalité migratoire. Il filme, fabrique et collecte des traces des évènements et du quotidien du collectif. Avec ses bonheurs et ses drames. Cette mémoire documente aussi la faillite de l’État et sera indispensable quand il s’agira de réconcilier migration, démocratie et droits humains.
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Faire du soin féministe pour aspirer à une inconditionnalité de l’accueil
Jo Millinship-Brisard
La déshumanisation des exilé·es va de pair avec une prise en charge institutionnelle où s’exercent souvent plusieurs formes de violence : coloniale, genrée, sexiste… Femmes, hommes, LGBTI+, tout le monde est traité comme de la matière anonyme, indistincte. Un accueil digne de ce nom devrait être attentif aux différences et traduire ce soin dans la moindre de ses procédures, depuis l’écoute des histoires individuelles jusqu’à la mise en place d’infrastructures adaptées aux besoins spécifiques. Le care féministe indique la voie à suivre. Des lieux alternatifs existent, laboratoires d’un tel accueil inconditionnel, citoyen, adapté à tou·tes.
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« Ceux qui traversent la mer connaissent la terre »
Idriss Yousif Abdalla Abaker
« Ceux qui traversent la mer connaissent la terre », peut-on lire sur la page d’accueil du site d’A4 : ce sont les mots d’Aminata Koita, une proche des fondateur·ices de l’association. Pour ce collectif, la reconnaissance des savoir- faire des exilé.es est centrale. Actif dans les domaines agricole et de l’artisanat, il entend, à sa manière, accueillir des personnes pour qui « trouver des espaces d’habitation et des emplois en accord avec leurs désirs, besoins et expériences de vie » est difficile voire impossible, tout en luttant contre « la déliquescence des appuis institutionnels au milieu paysan, la disparition des métiers agricoles et artisanaux, et la perte de terres par l’agrandissement des surfaces de l’agro- industrie et l’étalement urbain ». Ce que pratique A4, c’est un peu le « deuxième temps » de l’accueil, ce dont une personne a besoin au-delà du toit et de la table. Idriss, basé à l’antenne de Lannion en Bretagne, évoque ici les formes que prend pour A4 cet accueil inconditionnel qui s’appuie sur l’écoute et le soin.
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La Maison Sésame : « comme un phare dans la tempête »
Maison Sésame
Sylvie est engagée auprès des exilé·es depuis 1999 à travers son travail au sein d’Emmaüs et en lien avec de multiples associations. Elle a connu toutes les vagues d’arrivées de plus en plus nombreuses sur la côte d’Opale de réfugié·es en route pour l’Angleterre, et leurs déplacements d’un camp à l’autre, d’une « Jungle » à l’autre, au gré des constructions et démantèlements successifs. La maison de Herzeele devenue « Maison Sésame » est celle où elle a grandi. Avec son mari Benoît, médecin retraité, un·e coordinateur·ice et un réseau de bénévoles et de soutiens locaux, un collectif s’est construit qui y organise aujourd’hui l’accueil de personnes exilé·es le temps d’un répit, en attendant de traverser la Manche.
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Expérience d’accueil dans un collectif anticapitaliste
ZonneKlopper
Le ZonneKlopper (ZK) tel qu’il est aujourd’hui est né de deux dynamiques inter-collectifs parallèles, autour de l’hébergement d’urgence pour des personnes en situation de précarité et d’un projet d’occupation nanti-capitaliste autogéré qui s’appuie le plus possible sur l’horizontalité et l’entraide. Au sein de cette ancienne usine cohabitent la ZK House, dédiée à l’accueil de personnes à la rue, principalement des Éthiopiens de la communauté Oromo, une « zone hébergement » où habitent les personnes –  aux profils variés – partie prenante du projet, et différents espaces partagés pour les activités du collectif ouvertes à tou·tes. Cette cohabitation de la ZK House avec le projet politique du ZK est indubitablement l’une des spécificités de ce lieu bruxellois. Confronté·es à de grandes différences au niveau des vécus, situations administratives, des références culturelles, des engagements politiques ou encore des projets de vie, les co-habitant·es composent avec leurs idéaux et leurs aspirations diverses, ils et elles font de leur mieux dans cette rencontre pour prendre soin de leurs relations, sans naïveté mais sans renoncer à ce qui leur tient à cœur. Pour évoquer les formes et les difficultés de l’accueil qui se pratique à la ZK House, nous avons rencontré une partie du « cercle de travail Hébergement » : Jean-Baptiste et Michele, d’abord, et plus tard Alice, puis Omar en coup de vent, et enfin Paul, arrivé en tout dernier pour leur réunion hebdomadaire. Aperçu dans leurs mots des questions qui traversent cette expérience singulière.
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Un refuge en montagne
Jean Gaboriau
Les Refuges Solidaires c’est avant tout un collectif de militantes et militants qui s’est formé en 2017 dans un contexte qui voyait affluer de nombreux exilé·es à la frontière franco-italienne, résolu·es à franchir les dangereux cols alpins au péril de leur vie. Ces mêmes années, les opérations de police se multiplient et tou·tes les militant·es qui viennent en aide à ces personnes dans leur traversée risquent une condamnation. Malgré tout, la solidarité citoyenne n’a pas faibli, pas plus que le nombre de passages d’exilé·es – au contraire. Les Refuges ce sont aujourd’hui deux lieux, les Terrasses solidaires, un ancien sanatorium de 80 places sur les hauteurs de Briançon, et le plus modeste Abri Janvier à Guillestre. Jean Gaboriau, administrateur de l’association à l’époque de cet entretien, parle des Terrasses comme d’un paquebot, et on comprend l’image en l’écoutant nous décrire le lieu avec ses centaines de bénévoles et son équipe salariée – des choix inévitables pour faire tenir le projet, explique-t-il. Malgré tout, les affluences sont telles en été que des accidents arrivent et le lieu a subi plusieurs fermetures. La dernière en date : le 14 juillet 2024 (4 mois après cet entretien), suite à un incendie qui n’a fait heureusement aucune victime. Ce sont les Terrasses solidaires que Ninon et Clac avaient choisi comme première étape de leur projet de cartographie, et c’est là que Ninon a réalisé la plupart des ateliers dont les traces illustrent ce dossier.
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Expérimenter un autre partage des espaces
Rim Idmiloud
Rim Idmiloud a une formation de travailleuse sociale. Cofondatrice du collectif Rockin’Squat, elle s’y occupe de l’accompagnement social et du lien avec l’extérieur (politiques, institutions, etc.) : « À Rockin’Squat chacun·e a un rôle en fonction de ses compétences et savoirs. » Depuis septembre, le collectif est installé à Woluwé-Saint-Pierre, mais au printemps, c’est dans le grand bâtiment qu’il occupait rue du Trône que nous avons rencontré Rim. Dans cet ancien home Orpéa, futur centre d’accueil Fedasil (!), le collectif a subi plusieurs tentatives d’expulsion musclées. Mais le collectif Rockin’Squat est bien organisé et ses soutiens sont nombreux. Rim nous parle ici de son histoire et de cette expérience singulière de vie en communauté.
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De quel cordon sanitaire parle-t-on ?
Pierre Hemptinne
Suites aux dernières élections communales, et avec les succès remportés ici et là par l’extrême droite, les discussions un peu sidérantes pour les constitutions de majorité ont fait ressortir la question du « cordon sanitaire ». Nombreux sont les partis à jurer, « yeux dans les yeux », qu’il n’est pas question de le rompre, ce cordon. Et s’il y a localement un petit accroc, ça ne porte pas à conséquence au niveau national. Mais de quoi parle-t-on ? De cordon sanitaire ou de cache-misère ?
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Pour une approche systémique de l’alimentation
Line Nguyen
Manger, c’est plus que manger. Si l’industrialisation fait perdre le contact avec la réalité de ce qui nous nourrit, l’éducation permanente reconnecte avec toutes les dimensions du bien manger, sociales, économiques, écologiques, spirituelles. Avec ses ateliers de cuisine, ses formations, ses jeux participatifs, l’asbl Rencontre des Continents aide chacun·e à se rapproprier ce que manger veut dire : se positionner dans la chaine du vivant. Un travail de sensibilisation diversifié et passionnant, indispensable pour encourager les citoyen·nes à soutenir les alternatives à l’agro-industrie, les pratiques respectueuses de la biodiversité, cuisiner autrement, s’insurger contre l’insécurité alimentaire systémique. De l’éducation aux actes !
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Zone sensible : nature/culture/nourriture
Lucas Vachez
Poésie, art, nature et agriculture : le bon cocktail pour changer d’imaginaire et de système alimentaire ? C’est le pari de Zone Sensible, dans un territoire abimé où règne la malbouffe (Seine-Saint-Denis). Ferme pilote qui distribue une grande part de sa production aux associations locales mais aussi plateforme pédagogique pour se reconnecter au maraichage écoresponsable, découvrir une cuisine ancrée dans le local et partager la diversité des traditions culinaires. C’est aussi un centre d’art et un laboratoire où des artistes en résidence croisent des équipes de recherche-action. Autant de « pratiques transformatrices » pour soigner, par l’alimentation, notre société malade et inventer un futur habitable.
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Brigades d’actions paysannes
Damien Charles
Souveraineté alimentaire, oui, mais agroécologique, sans intrants ! Les choses ne changent pas assez vite. Comment élargir la communauté activiste ? C’est le rôle des Brigades d’actions paysannes avec un bel imaginaire antifasciste qui renvoie aux années 1930. Ce sont des chantiers solidaires et des formations pour recréer des liens entre paysan·nes et citoyen·nes, partager les savoirs sur l’état critique de notre système alimentaire, installer un terrain d’échanges et de passages à l’acte. Il s’agit de faire le poids face aux lobbys des pesticides. Quitte à prôner la désobéissance civile ou d’autres types d’actions capables de faire bouger les lignes. Selon une conflictualité qui reste dans les clous démocratiques.
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Démocratie alimentaire et droit à l’alimentation
Thibault Galland
Relier « démocratie » et « alimentation » démontre que le « manger » est central dans un modèle de société et déconstruit un système qui réduit l’individu à un rôle de consommateur, sans droit de cité sur le contenu de son assiette. C’est un vaste chantier qui recrée, par exemple, des liens de sens entre producteur·ices et mangeur·ses ; qui milite pour l’application d’un droit à l’alimentation croisant le droit à la santé, à l’habitat, à l’éducation et pour la création d’un système alimentaire équitable, écologique et inséparable des droits humains. C’est instaurer l’alimentation comme un bien culturel public géré par les citoyen·nes, via une dynamique délibérative à tous les étages.
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L’agriculture urbaine : une autre vision de la ville
Francisco Dávila, Léna De Brabandere
L’agriculture en ville a le vent en poupe, qu’elle soit citoyenne ou professionnelle. Elle n’a pas vocation à nourrir toute la ville, mais sa production est loin d’être négligeable et s’écoule entre autre dans des filières sociales (cuisines de collectivités, CPAS). Multifonctionnelle, elle est une porte d’entrée vers l’insertion sociale, l’éducation ou le soin. Elle est surtout un moteur pour penser la ville de demain, mieux adaptée à la crise climatique, accueillant plus d’arbres et de potagers de quartiers, intégrant l’accès et le partage de plantes comestibles, réintégrant plus de biodiversité dans le tissu urbain. Les pouvoirs publics semblent plutôt apporter leur soutien.
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Le maraichage biologique sur petite surface : entre dévalorisation économique et symbolique
Nicolas Loodts
Le bio, c’est trop cher ! C’est un constat récurrent. Mais c’est quoi un prix juste ? Qu’est-ce qui le conditionne ? Réponse avec un anthropologue étudiant une coopérative de maraichage bio. Les raisons systémiques qui fragilisent l’accès aux produits de l’agroécologie, respectueuse de la biodiversité, sont à replacer dans une histoire de l’industrialisation au service d’une alimentation de bas cout, dévalorisant au passage les métiers de la terre, mécanisés. Cette immersion dans la ferme du Héron clarifie les freins à l’émergence d’un nouveau modèle agricole. Elle nous fait découvrir aussi l’inventivité et le militantisme pour que s’enracine une alternative, un marché parallèle écoresponsable, accessible à tou·tes, démocratique. Des éléments d’espoir, fragiles.
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L’assiette et le local. Une alimentation soucieuse de la biodiversité et de la santé publique est possible, à grande échelle
Pierre Hemptinne
Avec l’usage des pesticides et une politique agricole asservie à l’agro-industrie, c’est le plus grand scandale en termes de santé publique qui s’effectue au grand jour, en toute légalité. « Souveraineté alimentairen », « obligation de nourrir le monde » sont invoqués pour justifier l’impossibilité de se passer du productivisme avec intrants. De cette manière, le débat démocratique sur le modèle alimentaire est neutralisé. Pourtant, des solutions existent. Des alternatives scientifiques sont modélisées. Qu’attendent les pouvoirs publics pour y puiser la force du changement ?
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Le pain nourricier
Lou Chaussebourg, Noémie Maughan
Le pain, symbole de notre système alimentaire, est lié à l’histoire du blé, une des premières céréales domestiquées par l’être humain. L’agro-industrie en a fait un aliment aseptisé issu de monocultures aux sols dégradés par la chimie. À l’image d’une société où s’appauvrit toute commensalitén. L’agroécologie réinvente la relation au vivant, à la terre, avec un pain qui rassemble chercheur·ses, boulanger·es, paysan·nes, science et savoirs locaux, ancestralité et invention, professionnalisme et émotion. La saveur du pain retrouvée : c’est le levain d’un monde à réinventer. Récit passionnant de deux chercheuses en agroécologie.
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Refonder notre système alimentaire : les voies d’une bifurcation vers la soutenabilité
Julien Fosse
Associer politique agricole, alimentation saine et planification écologique ambitieuse ? En déminant la complexité apparente de cette équation, rien ne semble impossible. Julien Fosse revient dans cet article sur l’histoire de la politique agricole commune (PAC). Il fait le point sur la problématique climatique, l’objectivation de l’empreinte carbone de l’agro-industrie et quelques éléments indispensables pour inventer une PAC de l’agroécologie, incluant des métiers mieux rémunérés et une santé publique protégée. Long terme, interdisciplinarité et dimension internationale sont indispensables pour que souveraineté alimentairen ne rime pas avec repli identitaire !
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Pour une maison de la souveraineté alimentaire : la Ferme du Chaudron
Clara Dinéty, Louise Martin Loustalot
Située au bord du grand étang de Neerpede (Anderlecht), la Ferme du Chaudron est un lieu public et collectif concédé par la Région de Bruxelles-Capitale à quatre ASBL qui portent un projet s’inscrivant dans le mouvement de transition du système alimentaire. L’inauguration est prévue pour l’été 2024 et on y retrouvera des lieux d’accueil ouverts au public (restaurant, point de vente, salle polyvalente, jardin-potager, verger) ainsi que des pôles d’activités spécifiques (atelier de transformation alimentaire low-tech, maison d’animation, tisanerie, maraichage, insertion socio-professionnelle). « Ce que nous souhaitons pour Anderlecht et pour Bruxelles, ce sont des lieux pour expérimenter une utopie concrète, celle d’un système agricole pérenne, inclusif, nourricier et essaimable, au service de l’autonomie des producteurs et des consommateurs. Bref, en faveur de la souveraineté alimentaire. »
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Genèse du productivisme : la croissance sans limite
Thibault Scohier
On peut le lire dans l’ensemble des articles qui composent ce dossier sur l’alimentation, l’agriculture en Europe aujourd’hui est largement productiviste. Mais qu’entend-on derrière ce terme de productivisme ? Thibault Scohier revient ici aux origines de ce concept, notamment à partir de l’ouvrage de Serge Audier L’âge productiviste. De la notion de progrès soutenue au XIXe siècle à la situation écologique actuelle, ce texte constitue un rappel essentiel pour questionner nos modes de production et notre rapport à l’agriculture.
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Valoriser le métier d’agriculteur·ice en Wallonie et permettre la transition
Timothée Petel
Lors des manifestations agricoles, les syndicats de l’industrie sont surexposés, alors que des organisations existent qui défendent une autre agriculture. Exemple wallon avec la FUGEA (Fédération Unie de Groupements d’éleveurs et d’agriculteurs). Timothée Petel présente dans cet entretien une action pour un modèle agricole où tout le monde serait gagnant. Le point sur les aides d’État, sur l’accès aux terres agricoles, sur le revenu des agriculteur·ices, sur la relation entre production et prix affiché au supermarché, sur les conditions locales et internationales à respecter pour permettre l’épanouissement d’un système alimentaire vertueux, du point de vue environnemental et pour la santé de tous et toutes.
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Faire œuvre commune : Résidence secondaire à Anderlecht
Thibault Galland
Cet article présente une analyse par le prisme des droits culturels du projet Résidence secondaire dans le contexte de sa mise en œuvre sur le territoire bruxellois d’Anderlecht. En introduction, sont posés l’angle d’analyse du chercheur ainsi que la problématique de l’article. Ensuite, le récit collectif de la mise en œuvre du projet sur le territoire anderlechtois est analysé au regard des droits culturels. À la suite de ce développement, des pistes de réponse aux questions posées dans la problématique pourront être dégagées en conclusion de l’article. Le livre est consultable sur cette page Résidence secondaire du site de L’Âge de la tortue.
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L’extrême droite en Europe : fatalité ?
Le Conseil d’administration de Culture & Démocratie
Bientôt auront lieu les élections européennes. À l’heure actuelle, l’extrême droite triomphe dans plusieurs pays. Il n’est plus inimaginable qu’elle puisse se constituer un groupe influent à l’Europe. Déjà, les « valeurs » sur lesquelles elle base ses succès, rythment la vie politique : migration, remplacement, déclassement, identité, frontières, c’est toute une culture d’extrême droite qui empoisonne les débats. Comme le confirme le pacte sur l’immigration et l’asile adopté par les 27 et le Parlement européen (20/12/23) ; Un pacte dit-on fortement influencé par Viktor Orban. Et la démocratie de s’affaiblir, s’étioler. L’antidote peut-il être culturel et démocratique ?
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Le mouvement d’aïkido comme transformation du quotidien
Hélène Hiessler, Gilles Rovere, Nathalie Hiessler
Dans une époque où beaucoup souffrent de perte de repères, l’aïkido est une discipline qui, plus que simple art martial, a des dimensions de soins. Les rituels qui règlent la confrontation sur le tatami sont des cadres d’apprentissage pour exporter, dans la vie réelle, une autre présence à soi et aux autres, la conviction que l’autre nous aide à nous améliorer nous-même. Une forme de sensibilisation aux interdépendances plurielles perceptible dans cet entretien avec deux pratiquant·es de longue date, Nathalie Hiessler, ceinture noire 3ème dan, et Gilles Rovere, ceinture noire 4ème dan qui l’enseigne aujourd’hui au sein du club qu’il et elle ont co-fondén.
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