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Le tabou de la dette
Lorenzo Di Nicola, Martine Van Oosthuyse
En juin 2022, Culture & Démocratie a organisé avec l’asbl Esquifsn une semaine sur le surendettement au centre Brueghel, à Bruxelles, durant laquelle des membres des groupes de parole de l’association Trapes – Tous en réseau autour de la prévention et de l’expérience du surendettementn ont partagé leurs expériences. Maryline Le Corre a alors été frappée par le silence qui entoure la question du surendettement, mais aussi par la violence administrative à laquelle iels racontaient être confronté·es, notamment par le biais du langage bien spécifique aux procédures. Parce que cette question concerne un nombre important de personnes et que le surendettement reste une expérience tue, honteuse, dans Papier Machine elle a souhaité échanger avec deux des membres de Trapes, Lorenzo Di Nicola et Martine Van Oosthuyse, pour donner à entendre ces vécus et rendre hommage à la manière dont iels ont réussi, d’une certaine façon, à reprendre contrôle par la parole.
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Avril 2023 - logement
Voici l’infolettre d’avril 2023 ⚟ sur le logement
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Ce que fabriquent les banques
Aline Fares
Il y a quelques années, un peu avant que la pandémie ne commence, j’étais invitée par Médénam, le centre d’appui en médiation de dettes de la province de Namur, pour présenter les Chroniques d’une ex-banquière. Cette conférence gesticulée prend pour point de départ mon expérience au sein d’une banque et propose quelques clés pour comprendre le fonctionnement des banques et du système financier, montrer leurs méfaits, et tenter de s’en libérer quelque peu. Lors de cette représentation, le public était constitué d’une centaine de spécialistes de la médiation de dettes. Cette invitation m’intéressait beaucoup, car c’était la première fois que j’allais avoir l’opportunité d’échanger avec un groupe de gens qui tous les jours entendaient et accompagnaient des personnes écrasées par le crédit. Même si, comme je l’ai découvert par après, l’essentiel du surendettement vient d’arriérés de factures, le lien avec les activités bancaires me semblait évident et j’étais certaine d’y apprendre beaucoup de choses. Comme à chaque fois ou presque, la représentation était suivie d’un moment de discussion avec le public. Parmi les nombreuses réactions et interventions, l’une d’entre elles m’a particulièrement marquée. Il s’agissait d’une travailleuse sociale qui était amenée à accompagner des personnes surendettées à travers des procédures de médiation avec les créanciers, à l’amiable ou en justice. Elle m’a ainsi interpellée : « Et donc, si on vous suit, avec notre travail, on permet à tout ce système de se maintenir ? » Cette femme semblait éprouver une sensation très désagréable, comme une trahison. Elle semblait aussi être en colère – une colère qui venait de quelque chose qu’elle avait compris. Je dirais même qu’elle semblait presque surprise de cette colère.
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Le logement c’est la base
Sarah De Laet
Parler de logement Je m’appelle Sarah, j’ai 33 ans et je ne suis pas surendettée. Je n’ai pas de problème de logement, j’ai été invitée à animer un atelier sur le sujet parce que je travaille sur « le logement » depuis bientôt dix ans maintenant. Travailler sur le logement c’est vaste, moi ce que je fais depuis quelques années c’est surtout que je parle du logement. Parler j’adore ça. Je parle de logement à trois catégories de personnes, des catégories mouvantes et qui, au hasard de la vie, se recoupent ou se recouperont. Je parle à des militant·es (le plus souvent), je parle à des classes moyennes qui ont peur d’être des bourreaux et des victimes, et finalement je parle à des personnes mal logées. Je considère que toutes ces personnes sont concernées par les questions de logement, parce qu’elles ont toutes une réalité d’habitant·es ; mais elles ne sont pas exposées de la même façon à la violence du marché. Inlassablement, je raconte les mêmes choses. À toutes je leur dis ceci : oui, les prix des logements ont augmenté ces dernières années en Belgique, à Bruxelles, dans les villes en général. Oui cette augmentation est massive sur certains « segments ». Oui, c’est dans le segment du marché qui loge les pauvres que les prix ont le plus augmenté. Non vous ne rêvez pas. Je dis aussi ceci : oui le marché est structurellement raciste et classiste ; oui ce n’est pas juste ; oui les Arabes et les noir·es et les gens au CPAS se font refuser une location sur des motifs discriminants. Je dis ce que beaucoup soupçonnent déjà, que ces histoires de rénovation urbaine c’est bien une arnaque, que la mixité sociale est un concept politique qui vise à installer des classes moyennes dans des quartiers populaires (et jamais des pauvres chez les riches) et que ces politiques font monter les prix du sol et des loyers, et que cela impacte la qualité de vie d’un tas de personnes, notamment des pauvres (qu’elles soient issues des classes populaires ou pas). Je parle de logement à des personnes mal logées, à des personnes qui ne pensaient pas que cela leur arriverait un jour de ne pas « trouver », à des personnes qui veulent acheter pour mettre en location, à des personnes qui hériteront un jour de quelque chose. Mais le plus étrange pour moi c’est toujours de parler aux personnes qui galèrent vraiment ; parce qu’au fond, je leur dis tout ce qu’elles savent déjà, ce qu’elles vivent au quotidien, ce que d’autres m’ont appris, et que mes conditions de vie et ma position sociale m’ont permis de « répéter » d’une façon qui plait, parce que je « parle bien ». Mais au fond ce que je dis c’est ce qu’elles n’osent pas toujours se dire : ce n’est pas ta faute. Et je crois fermement qu’il s’agit du cœur de l’éducation populaire que de travailler continuellement cette question de la responsabilité individuelle. Le mal logement n’est pas la responsabilité d’une mère, d’un homme jeune en migration, d’un·e étudiant·e, d’une personne en dépression, en maladie de longue durée, d’une personne sans emploi, d’une caissière, etc. Si ces personnes sont mal logées, si elles n’arrivent pas à payer, si elles sont sur le point de se faire expulser, ce n’est pas leur faute. Ce n’est pas ta responsabilité individuelle, c’est structurel. Et parce que c’est structurel c’est politique et donc forcément collectif. Forcément.
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👂« Vos impressions sur cette pièce ? »
👂 « Bonjour ! Est-ce que vous pouvez me dire ce que vous avez ressenti, vos impressions sur cette pièce ? » Cette capsule sonore a été réalisée à partir des réactions des spectatrices et spectateurs de la semaine Trop Chère la Vie. Réactions qui ont été enregistrées par des membres d’Esquifs et de Culture & Démocratie après les spectacles Apnée, Basta Précarité et L’heure de la prescription ainsi que de l’atelier Dette et santé.
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Et après ?
Que faire ? C’est souvent la question qui vient quand on agite des problématiques sociales. Et d’ailleurs, cette question, on se l’est posée nous-mêmes dans nos différents ateliers.
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Dette et précarité féminine
Pour parler de la dette, on va commencer par parler du corps. Car elle s’y inscrit, dans nos corps. Et c’est à partir de ça qu’on commence. Et pour ça, on revient avant l’esclavage colonial. On revient au moment où l’humain vendait son identité pour bénéficier de biens, de matériel. Et on fait le parallèle avec aujourd’hui… La dette, c’est toujours physique mais c’est plus vicieux. Parce que la charge mentale, le harcèlement, l’anxiété, c’est la prison pour le corps et sa liberté.
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Dette et santé
60 % des personnes qui sont accompagnées dans un service de médiation de dette ont des dettes de santé. Comment c’est possible de s’endetter pour se soigner ? Comment c’est possible dans un pays qui, à première vue, permet de se faire rembourser les soins dont on a besoin ? Ce chiffre n’est pas sans conséquences, puisque pour les personnes concernées, cela signifie le plus souvent l’arrêt des soins dont elles auraient besoin. Alors la dette est facteur de mauvaise santé ? En tout cas, c’est un mécanisme particulièrement nocif et qui semble bien être un facteur profond de détérioration de la santé, individuelle et publique.
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Dette et logement
Se loger à Bruxelles coute de plus en plus cher. Pour certains foyers, on estime que le cout du loyer peut représenter jusqu’à 70% de leurs dépenses mensuelles. Dans ces conditions d’existence, l’endettement n’est pas difficile à imaginer. Dettes de loyer mais aussi dettes pour tout le reste, puisque de toute façon, il n’y a pas assez pour vivre. Alors quoi ? Comment ça se fait ? Quelles sont les lignes générales qui conduisent à un tel état de fait ?
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La dette - ce que ça fait
Être surendetté·e, ça ne tombe pas du ciel : ça se construit, ça se fabrique. La dette elle-même est une fabrique, une sorte d’usine, qui produit de drôles de choses – pas drôles du tout. Dans Apnée, le parcours du personnage central est l’incarnation intime de cette fabrique.
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Contexte et mise en perspective
Rémi Pons
Apnée Je suis auteur et metteur en scène. Depuis une dizaine d’années, je travaille notamment à créer des objets documentaires qui donnent à voir (ou à entendre) les contradictions profondes de notre système d’accompagnement social. En suivant des travailleurs et travailleuses sur le terrain, en les interviewant, en arpentant des ouvrages et articles qui concernent leur travail, j’accumule un matériau à partir duquel j’écris, réécris, mets en scène, en ondes… C’est comme ça que la dette et le surendettement se sont invités dans mon travail. Au détour d’une période d’observation. J’ai alors mené tout un travail d’enquête et de rencontres. J’en ai tiré une pièce de théâtre : Apnée. Ce spectacle est créé.
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La sorcellerie capitaliste : pratiques de désenvoutement, Isabelle Stengers et Philippe Pignarre
A.F.
Pignarre et Stengers nous relaient les questions désarçonnantes des sorcières: « Et vous, d’où puisez-vous vos capacités de tenir et d’agir? Comment réussissez-vous à créer les protections que nécessite le milieu empoisonné où nous vivons tous ? » On pense alors aux luttes intestines, au burn-out militant, aux connexions qui ne se font pas, au refus d’accepter les particularités de certaines situations minoritaires sous prétexte qu’elles ralentiraient la lutte, à la tentation de parler à la place de… Ces questions des sorcières nous rappellent la nécessité de prendre soin, de nous, collectivement, de ce qui se crée, de reconnaitre ce qui a été réalisé, de résister à la tentation totalisante, à la généralisation – de cultiver l’art du « faire attention».
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Traité de l’usure, Jacques-Bénigne Bossuet
R.d.B.
Édition Lachat, tome XXXI, 1879 (1682), pages 21 à 59. ↦ Au débours des débats ou au ressac des convictions, s’il est une vertu dont l’esprit humain détient la grâce, c’est de reconnaitre – contre vents et marées, sous les brumes étirées au long des quais de l’histoire, dans le clapotis incertain des encombres portuaires – les qualités d’une personne dont il ne partage ni les passions ni les jugements ni les espoirs ni les avis. Au gré de tels feux, la liberté de penser se forge d’autres horizons, au détriment de l’esprit de secte, de tribu, de clocher ou de clan ; elle atteint alors la haute mer des contradictions humaines. Dans cette laïcité étendue qui reconnait les complexions légitimes de la croyance dans ses diverses diversités, les enjeux laissent percevoir d’autres profondeurs à l’âme humaine, au miroir de la vie spirituelle, d’une lumière plus aveuglante et d’une obscurité plus éblouissante, sans doute.
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Dette : 5000 ans d’histoire, David Graeber
J.C.
David Graeber Traduit de l’anglais par Françoise et Paul Chemla Les Liens qui Libèrent, 2013, 621 pages.
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Dette - Un archipel
Esquifs
C’est une vieille carte jaunie trouvée dans une malle d’un grenier de l’année 2176, relatant à grands traits le voyage halluciné d’un groupe d’explorateur·es parti·es découvrir une Terra Incognita… Sur la carte, un archipel.
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Présentation d’Esquifs
Esquifs
Esquifs. C’est une esquisse. Un mouvement. Un désir. Un élan. Une curiosité. Une volonté de changement. C’est une inscription sensible et politique dans ce monde. C’est chercher ensemble et avec d’autres. D’autres avec qui parler. Avec qui apprendre. Avec qui questionner. Avec qui créer. Avec qui essayer. Avec qui améliorer. Et avec qui lutter pour changer ce monde construit sur de nombreuses dominations, exploitations et aliénations.
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Attaquer la dette et la pauvreté par tous les bouts, décortiquer pour mieux diagnostiquer
Olivier Bonfond
26 mai 2019. Jour des élections en Belgique. La droite dure, la droite intolérante, celle qui veut « frapper » les migrant·es, les féministes, les gauchistes, les démocrates, les Arabes, les étranger·ères explose en Flandre pour atteindre presque 30% des voix. Pour tou·tes les progressistes de ce pays, c’est un gros coup sur la tête… Dans les jours qui suivent, plusieurs manifestations contre la montée du fascisme s’organisent. Et, comme je l’ai souvent vu ces dernières années, un commentaire provenant de « notre camp» se lit ici ou là : « C’est bien de manifester, mais, s’il vous plait, arrêtez d’être contre, cela ne sert à rien. Ce qu’il faut, c’est montrer ce que nous voulons. »
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Notes pour une écriture de la dette et du surendettement au théâtre
Rémi Pons
LE DÉBUT Je suis en train de suivre un travailleur social qui intervient auprès de personnes qui connaissent des gros soucis de logement. C’est en France, en Bourgogne. C’est à la campagne. Beaucoup des personnes qu’il accompagne n’arrivent plus à payer leur loyer. Soit qu’elles n’ont plus assez d’argent pour le faire. Soit qu’elles n’arrivent pas à s’organiser pour le faire. Soit les deux. Pour pas mal d’entre elles, il propose une mise sous protection judiciaire, qui conduit à la mise sous curatelle, ou sous tutelle, en fonction de la capacité à prendre en charge une partie de sa gestion budgétaire. Je découvre alors ce monde. J’assiste à des scènes qui me heurtent : un homme de cinquante ans qui vient par exemple quémander trente euros pour finir la semaine, et qui doit pour ce faire expliquer à quoi sera destiné cet argent. Je me dis « mais comment est-ce possible d’interférer à ce point sur sa vie privée » ? Lors de ce travail de repérage, j’entends beaucoup : « Il faut que ces personnes reviennent à un principe de réalité. » Personnellement, j’y vois surtout une grande violation du pouvoir d’agir sur leur vie. Au même moment, la Grèce est secouée par l’arrivée au pouvoir de Syriza, en grande partie explicable par la mise sous tutelle du pays et par les politiques d’ajustement structurel qui lui ont été adjointes. Ici aussi, on parle de principe de réalité. On appelle ça austérité, et on dit à la Grèce où et comment elle doit dépenser de l’argent. Je me dis : « J’ai envie de mettre ça sur scène. »
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Pour une constitution de droit fondamental à être protégé·e, par la loi, contre la violence économique
Roland de Bodt
Au regard du thème de ce nouveau volume de la collection « Neuf essentiels», consacré à la dette et au surendettement, et pour nourrir le débat public, sur ces questions, nous prenons la liberté de présenter diverses propositions qui ont pour vocation de modifier le droit fondamental des personnes qui vivent dans les territoires de la Belgique et de renforcer la culture démocratique et ses pratiques égalitaires.n
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La violence des riches, Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot
I.D.
Zones/La Découverte, 2013/2014, 271 pages.
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Dettes privées illégitimes
R.D.
AVP, n° 71, 2e trimestre 2017, CADTM, 108 pages.
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Le système dette : histoire des dettes souveraines et de leur répudiation, Éric Toussaint
P.B.
Les liens qui libèrent, 2017, 330 pages. ↦ Dette souveraine : une dette qui engage un État. En principe ! Car elle peut être répudiée par les autorités de cet État pour différentes raisons. Répudiation : annulation ex initio, révocation, rejet de la dette par le·a débiteur·rice (anglicisme).
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Avant-Propos
Baptiste De Reymaeker
« Quand on parle de création partagée, être dans l’arrière-pays ne consiste pas dans le simple moment d’une surface d’exposition où on donne à voir les choses une fois terminées. Cette notion nous invite à une confrontation exigeante: comment fait-on pour partager l’expérience intégrale de la création? […] Au fond ce qui est en jeu dans la pratique de l’art, ce n’est pas le temps simple du regard immédiat mais cette effraction qui advient quand tout à coup il donne plus à voir. Plus une œuvre est grande, plus l’arrière-pays est complexe, riche et dense, et lorsqu’on s’y enfonce, on va pouvoir faire surgir de l’épaisseur.» Jean-Pierre Chrétien-Goni
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