25 Résultats
Polygl(o)ussons
Nadine Plateau
En 2023 et 2024 Culture & Démocratie fête ses 30 ans. Cet anniversaire est pour nous l’occasion de regarder le passé pour mieux pouvoir nous projeter dans le futur. C’est pourquoi nous avons entrepris de nous replonger dans nos anciennes publications. Et si beaucoup de choses ont changé depuis la fondation de l’association, certaines analyses n’ont rien perdu de leur actualité. L’idée de cette rubrique « Archive » est de rééditer quelques-uns de ces textes afin de mesurer le chemin parcouru – ou non – sur certaines thématiques. Vous la retrouverez dans les quatre journaux de ces deux années anniversaires.
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Arpenter le pensé et l’impensé
Pierre Hemptinne
Pierre Hemptinne se voit avant tout comme lecteur et écrivant, cycliste et jardinier. Depuis quarante ans, il développe une pratique et une réflexion sur la médiation culturelle – ce qui est peut-être lié, va savoir. État du monde oblige, il s’intéresse aujourd’hui aux indispensables changements de modèles culturels face à la crise climatique. Qui peut dire, qui peut parler ? Ici, il a choisi d’éclairer la manière dont la langue formate nos rapports aux semblables et aux différents en croisant les réflexions de Michael Lucken, professeur à l’Institut national des langues et civilisations orientales en France (Inalco) et les pratiques d’arpentage de l’éducation populaire qu’évoque l’autrice Anne-Lise Cydzik de l’association belge Présence Action Culturelle.
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Le tabou de la dette
Lorenzo Di Nicola, Martine Van Oosthuyse
En juin 2022, Culture & Démocratie a organisé avec l’asbl Esquifsn une semaine sur le surendettement au centre Brueghel, à Bruxelles, durant laquelle des membres des groupes de parole de l’association Trapes – Tous en réseau autour de la prévention et de l’expérience du surendettementn ont partagé leurs expériences. Maryline Le Corre a alors été frappée par le silence qui entoure la question du surendettement, mais aussi par la violence administrative à laquelle iels racontaient être confronté·es, notamment par le biais du langage bien spécifique aux procédures. Parce que cette question concerne un nombre important de personnes et que le surendettement reste une expérience tue, honteuse, dans Papier Machine elle a souhaité échanger avec deux des membres de Trapes, Lorenzo Di Nicola et Martine Van Oosthuyse, pour donner à entendre ces vécus et rendre hommage à la manière dont iels ont réussi, d’une certaine façon, à reprendre contrôle par la parole.
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Écueils du dire en réunion
Collectif
À Culture & Démocratie, nous avons demandé à nos membres et complices quels rituels organisaient la prise de parole dans leurs situations de réunion, et de nous donner des exemples de principes qui fonctionnent et/ou d’écueils. La liste des écueils est beaucoup plus longue ! Signe sans doute qu’on n’y est pas encore. Mais ce sont précisément ces situations d’écueil qui nous permettent, aussi, d’inventer autre chose. En voici un petit florilège.
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Démocratie et littératie : ce qu’elles sont, et ce qui les lie
José Morais
Littératie et démocratie sont à première vue des concepts peu reliés entre eux : l’un désigne une capacité à lire le monde et l’autre un système politique. Dans cet article José Morais, après avoir défini les deux termes, montre en quoi ils sont étroitement attachés. Actuellement en crise, la démocratie ne pourra se régénérer que lorsque cette capacité à lire le monde sera plus largement partagée.
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Brusselsspeaks : la diversité linguistique à Bruxelles
Séverine Janssen, Tania Nasielski, Brudi der Lux, Ophélie Bouffil, Dirk Jacobs, Taha Adnan, Julie Bertone
Séverine Janssen : Nous allons aborder la situation linguistique de Bruxelles depuis les points de vue et les pratiques de nos invité·es, avec comme angle d’approche la langue comme une aubaine, sans pour autant ignorer les obstacles qu’elle peut constituer. Posons d’emblée que deux tiers des ménages bruxellois parlent plus d’une langue à la maison. Le dernier baromètre des langues fait état de 104 langues actives, quotidiennement parlées. À l’échelle européenne, Bruxelles est la ville la plus diverse et cosmopolite. À l’échelle mondiale elle se trouve en deuxième position, devant Londres ou New York. Par ailleurs, 25 % de la population de Bruxelles a moins de vingt ans, or c’est bien souvent au sein de cette jeunesse que chaque jour des langues s’entremêlent pour former de nouvelles expressions et de nouveaux mots. Des mots parfois incongrus, inconnus, qui viennent raconter et transformer la ville. Le vocabulaire bruxellois est ainsi bien plus vaste que ce que l’on peut trouver dans les dictionnaires. Il constitue un méli-mélo que ni le Van Daele ni Le Robert ne peuvent comprendre. Quelles sont donc les pratiques linguistiques qui s’y côtoient ? Peuvent-elles constituer une praxis bruxelloise, c’est-à-dire un ensemble de pratiques transformant les individus, leurs rapports sociaux et le territoire? Comment ce cosmopolitisme linguistique se traduit-il sur le plan institutionnel ? Enfin, comment envisager l’avenir de Bruxelles de ce point de vue linguistique ? L’anglais finira-t-il par s’imposer comme langue véhiculaire dans la ville ? Nous échangerons ici autour du partage des codes oraux au sein d’un territoire, au présent mais également au futur, et autour des puissances potentiellement transformatrices de ce partage sur le plan tant collectif qu’individuel. Dirk Jacobs, quelle est, sociologiquement, la situation linguistique de Bruxelles, quels sont ses modèles de gouvernance et comment le cosmopolitisme de la ville se traduit-il institutionnellement ?
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L’adversaire
Anna Rispoli
Quand l’autre est l’ennemi, l’adversaire, peut-on parler ? Face aux discours qui nous crispent, nous font peur, peut-on, doit-on répondre ? L’artiste s’interroge ici sur notre posture à l’égard des discours « adversaires ».
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Olivier Sonck
Maryline le Corre
Tautogrammes, holorimes, calembours… Olivier Sonck joue sur la lettre, le son et le sens, au fil des mots qu’il frappe manuellement sur des plaques de plomb. Carrées, rondes, mat ou brillantes l’aspect de ces dernières peut varier et ses variations sont prétexte à autant de jeux d’analogie entre texte, forme et matière.
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Guéronde. À la recherche d’un hameau perdu Récit d’un travail collectif de mémoire
Damien Vanneste
Parler à partir d’un espace vide. Tel est l’objectif du projet « Guéronde ». Ce vide est avant tout physique. Guéronde est un hameau situé au nord d’Antoing (en Wallonie picarde) qui, dès les années 1960, a lentement disparu en raison de l’extension progressive de carrières. Le vide est également social car une vie locale s’est évaporée avant même le départ des derniers habitants de ce quartier, au début des années 1990. Enfin, symboliquement, si Guéronde n’est certainement pas vide de sens, il n’existe qu’à travers une collection éparse de souvenirs individuels.
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Nuisances sonores. Une place sur les ondes pour les musiques qui dérangent
Caroline Angelou
Le 4 novembre dernier, au Pianofabriek (Saint-Gilles), se tenait l’événement Nuisances Sonores. Comprenez « Nuisances » dans le sens de ces musiques qui dérangent l’ordre établi, par leurs paroles, leur rythme, leur démarche. Des chansons qui veulent faire bouger la société et qui naissent d’une envie de s’exprimer.
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Juste un mot
Nicolas Roméas
Le monde ce géant titube et manque de s’écrouler. D’un trou en son centre coule un babil insupportable, surfait, très émouvant parfois, qu’on appelle art, charriant par tonnes les sédiments agglutinés d’anciennes questions informulées, de savoirs oubliés. Mots imprononcés devenus inaudibles, poussière, suffocation, soif, de grands pans de réalité se fissurent, des blocs tombent, fracas, de lourdes masses de savoir nous frôlent dangereusement, s’effondrent, s’amoncellent, braises, lambeaux de charpentes affaiblies brusquement détachées de peuples arrachés à leur imaginaire. Des cris qu’on capte mal où se mêlent l’urgence et la rage de séduire. Et cela tiendrait en un mot. Tout ce sang, ces blessures, cette perte et l’agonie d’un monde et l’inespérée renaissance aux limites du possible, ça tiendrait en un mot. Ce seul mot.
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Une langue sans mots ou le geste de la voix
Bernard Massuir
« Vous êtes artiste ? — Oui, je suis acteur et chanteur. — Ah ! Vous chantez, quel style de chansons ? — Des chansons sans paroles. — Ah ? (pause) Comment ça sans paroles ? — Oui, sans texte, sans mots, juste de la voix. — Ah oui. (re-pause-plus-longue) Kof kof… hum… euh… comme doubidoubida (tout sourire). — Oui, c’est ça. — Ah et… tout seul ? — Oui souvent. — Ah et vos spectacles durent combien de temps ? — Oh... Une heure, une heure et quart parfois plus si l’ambiance est chaleureuse. — Ah ! Et vous jouez où ? — Je joue où l’on m’invite. Ici et à l’étranger. Comme il n’y a pas de paroles, je peux me produire un peu partout dans le monde… À Vienne, à Lisbonne, cela fonctionne de la même manière. — Ah, oui… ah, c’est bien ça. »
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Parlez-vous policier ? Les langages de la police : entre novlangue managériale, outrage et familiarité
Mathieu Beys
« En voyant ces braves pandores Être à deux doigts de succomber Moi, j’bichais car je les adore Sous la forme de macchabées De la mansarde où je réside J’excitais les farouches bras Des mégères gendarmicides En criant : “Hip, hip, hip, hourra  !” » Georges Brassens, Hécatombe, 1953 « D’accord, Bamboula, ça ne doit pas se dire... Mais ça reste encore à peu près convenable. » Luc Poignant, porte-parole du syndicat Unité police SGP-FO, 9 février 2017
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Huis clos : de quoi l’hôpital est-il le cadre ?
Michel Kesteman
Entrer Je ne vous cacherai pas que je suis entré à l’hôpital par toutes ses portes : par les urgences avec mes enfants comme proche, par l’entrée dite principale comme patient pour les consultations et comme visiteur, par l’entrée de service en tant que directeur et intervenant. Je puis donc me demander : Est-ce qu’on va y entendre ce que je dis, ce que je ressens, ce que je cherche, ce dont j’ai peur ? Est-ce que les patients comprennent ce qu’on leur veut, pourquoi on les oriente et les désoriente ? Est-ce que des personnes à intérêts divergents ne risquent pas de se battre entre elles ? Est-ce que les travailleurs et les docteurs vont pouvoir y vivre, y survivre et y gagner leur vie ? Pourquoi est-ce parfois la foire d’empoigne, source de maladies nosocomiales, plutôt que de guérison ? Est-ce si difficile de comprendre ou de se faire comprendre ? Est-ce une maison de fous, de sous, de soins, pour nous ?
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Polyglo(u)ssons
Nadine Plateau
L’écriture inclusive s’est récemment retrouvée sur le devant de la scène en raison du refus du Premier ministre français, soutenu par l’Académie française, de la pratiquer dans les textes de loi. Ceux qui la défendent se battent pour une reconnaissance – enfin ! – de l’égalité des genres dans notre outil de communication le plus commun. Ils supportent plus largement une conception non figée de la langue, vivante.
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La littératie à l’heure des machines d’écriture numériques : question de démocratie
Salomé Frémineur
La démocratie repose sur un rapport au langage qui n’est exempt ni de technique, ni de pouvoir – c’est dans ces coordonnées que s’inscrit la question de la littératie. Le numérique implique de la poser à nouveaux frais, en mobilisant tant les domaines de l’éducation que du logiciel libre.
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S’émanciper des dominations par le langage
Jessy Cormont
En 2012, le collectif Manouchian, composé des sociologues et militants Saïd Bouamama, Jessy Cormont et Yvon Fotia, publiait un Dictionnaire des dominations de sexe, de race et de classe aux éditions Syllepse. Un ouvrage qui se propose de mener le « combat du vocabulaire » en déconstruisant les mots, concepts et argumentaires qui accompagnent les dominations et en mettant à disposition d’autres mots clés pour renforcer les chemins de l’émancipation. Dans cet entretien, Jessy Cormont explique comment a germé l’idée de ce dictionnaire et revient notamment sur ce qui se joue dans l’effort de réappropriation de la langue.
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Un poète ça sent des pieds*, n’est-ce pas Léo ?
Laurent Bouchain
« Que font-ils ? Qui sont-ils ? Ces gens qu’on tient en laisse Dans les ports au shopping Au bordel à la messe ? » Léo Ferré, Words… words… words
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Atelier d’écriture – Pont vers la langue, l’écrit, soi et le monde ?
Laurence Vielle, Valérie Vanhoutvinck, Massimo Bortolini, Christelle Brüll, Amélie Charcosset, Laurence Kahn, Mohamed Moussaoui, Vincent Tholomé
S’interrogeant sur l’ensemble langue, promesses et dominations, il semblait pertinent de s’attarder un peu sur les pratiques d’ateliers d’écriture en recrudescence cette dernière décennie tant d’un point de vue de « l’offre » de plus en plus variée que de la fréquentation grandissante. Qu’il soit à visée littéraire, culturelle, ludique, relationnelle, scolaire, professionnelle, socio-éducative… et quel que soit le lieu, le cadre, le contexte, la société, la période dans lequel il se tient, l’atelier d’écriture se définit par celui qui le pense puis le conduit, son animateur ou animatrice. 7 d’entre elles et eux, invités à écrire à partir de 7 questions, ont saisi le fil. Leurs lignes racontent la diversité des intentions, des pratiques, et la pertinence qu’elles et ils semblent accorder aux dispositifs d’ateliers, pour tenter de réduire les gouffres qui séparent les chanceux ayants-droit au langage, du reste du monde.
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Qu’est-ce que la glottophobie ?
Philippe Blanchet
Philippe Blanchet travaille sur les discriminations dues aux langages. Il est l’inventeur du concept de glottophobie. Littéralement : peur (phobie) de la langue (glotto). Il a accepté de le présenter brièvement dans cet article.
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La poésie, un espace de liberté langagière
Mélanie Godin
Les Midis de la Poésie existent depuis plus de 70 ans. On dit que c’est une institution qui compte dans le paysage culturel bruxellois. Une association sans but lucratif œuvrant pour que la poésie existe, envers et pour tous. La poésie, c’est un combat, une lutte, une résistance au quotidien. Aux Midis, nous organisons des rencontres avec peu de moyens.
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Des paroles secrètes à l’expression collective
Marc Chambeau
La loi organisant la levée du secret professionnel pour les travailleurs sociaux est passée. En pratique inapplicable, elle instaure toutefois un climat de suspicion et fragilise le principal outil de ces travailleurs : la parole. Marc Chambeau nous explique ici la manière dont le travailleur social œuvre à faire émerger des multiples paroles secrètes et individuelles qu’il reçoit une expression collective porteuse de changement. Mettre à mal le caractère secret de la parole individuelle c’est déstabiliser la base sur laquelle se construit cette voix commune. C’est de façon plus générale la dimension collective du travail social qui est niée, se limitant à une relation d’aide individuelle…
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Quelle langue, quelle vie ? Domination, émancipation ; apprendre, désapprendre
Pierre Hemptinne
Comment parler de la langue qui parle en nous, à travers nous ? Comment se saisir de ce qui fait corps avec nous ? Comment rendre compte de ce qui nous pétrit et sur quoi, sans cesse, nous agissons, sans même y penser, qui nous produit et que nous sécrétons organiquement ? Cette chose difficile à définir qui joue, dans nos cellules, avec les interactions entre les flux du vivant biologique, ceux de la socialisation et de l’émergence du symbolique, pour construire les contours d’un individu, d’un moi, d’un je, comment l’objectiver dans un discours ? Cela qui fait l’objet de tant de fantasmes liés à l’authenticité des origines et à la prédominance ancestrale d’une langue sur les autres, à la naturalisation d’une hiérarchie culturelle, comment le traiter sans passion, sans instrumentalisation ? Comment nous libérer et nous créoliser dans la langue ?
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Édito
Sabine de Ville
Lors du colloque organisé en juin dernier à Lyon par la Société francophone de Philosophie de l’Éducation et intitulé Frontières de l’école et frontières dans l’école : enjeux et perspectives, Alain Kerlan, philosophe, professeur émérite (Université Lyon 2), ouvrait son intervention en citant Annie Ernaux, romancière française. Elle évoque, dans l’un de ses premiers ouvrages, la fracture langagière qui la frappe tandis qu’elle aborde, petite fille issue d’un milieu populaire, le monde de l’école. Deux mondes étrangers l’un à l’autre et d’autres mots pour dire tout, la réalité, les usages du quotidien et les savoirs.
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On appelle cela la prison
Baptiste De Reymaeker
Qu’est-ce que parler veut dire en prison ? Comment, au moment de la naissance de la prison moderne (milieu du XIXe siècle), la question de la langue a-t-elle été posée par les théoriciens et législateurs ? Cet article propose un bref historique qui permettra de situer dans une certaine généalogie les enjeux mobilisés par Collect Call, un projet de récolte de paroles de détenus et de gardiens autour des mots « art » et « culture », réalisé par Valérie Vanhoutvinck et Bibiana Vila Gimenez.
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bruxelles  
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