Dire mot — Papier Machine n°13 ¾ vol. 2

Tout parle. De l’inflexion d’une paupière au ratatinement d’un légume déshydraté. Avec ou sans parole, il se dit des choses.
Pour ce hors-série, Papier Machine suspend sa manie de distribuer des mots et entreprend d’explorer ce que dire veut dire, ce qui parle dans les creux de la langue, ce que le non-dire tait. Dans les pages du second de deux volumes, nous explorons les espaces de paroles, de celles qui sont renvoyées dans les cordes, de celles qui parviennent à imposer leur style, et qui, suffisamment attentives aux autres, construisent leur propre chorégraphie de mots, pour mieux esquiver les droites et dessiner du gauche d’autres horizons.
Culture & Démocratie a contribué à ce numéro, les articles proposés sont disponibles sur cette page, pour le reste, vous pouvez commander la revue ici.

Au sommaire de ce numéro : des réflexions et conseils pour mieux se faire entendre par la professionnelle de la voix Hélène Sage ; un dialogue entre les autrices Perrine Le Querrec, Aliette Griz et Milady Renoir questionnant ce qu’on peut faire ou non de la parole d’autrui ; un aperçu du protocole d’Isabelle Serret dans son travail-recueil de témoignages des victimes d’attentat ; un copié-collé décalé de Marie Laigle et Jonathan Delisles qui met en évidence le fait que, contrairement à ce que requiert la loi, la parole n’est pas toujours à l’accusé·e ; deux approches différentes et complémentaires l’adresse et de la construction sociale de nos conventions par Jade Bouvard et Mohamed El Khatib ; des Timides qui défendent le marmonnage ; les tergiversations de Lucie Combes qui, réfractaire à rester dans les clous, s’interroge avec Agatha Lievin-Bazin sur le dire… sans mot, celui des animaux ; une proposition constructive de Pierre Hemptinne pour sortir du c’est oui ou c’est non de la pensée binaire ; des bribes d’archives du porn process réunies, agencées et réfléchies par Aurore Morillon ; des mots d’Audre Lorde pour « Transformer le silence en paroles et en actes » et ceux de Leyla Gleissner pour le droit au silence, taduits de l’allemand par Alice Lacoue-Labarthe, des espaces safe décortiqués par Laïss Barkouk, l’irruption de la parole dans une page de silence par Mathis Berchery, un non-respect du tabou de la dette par Maryline Le Corre, Lorenzo Di Nicola et Martine Van Oosthuyse ; une bafouille sur le mutisme au garde à vous par Valentine Bonomo, des trappes à paroles recueillies par Hélène Hiessler auprès de l’équipe de Culture & Démocratie ; et toujours les Denises de Marie-Aurore Conscience, les éclairages linguistiques de Marie Steffens, mis en forme par Sébastien Gairaud.

 


 

Papier Machine est une revue de création, une publication hybride qui accueille tous celles et ceux qui veulent s’immiscer avec politesse (ou fracas) dans les interstices du langage et de la langue française. Pour chaque numéro, le comité éditorial élit un mot-étincelle à l’origine de toutes les contributions, toutes inédites.

En 2023, la revue  a dix ans. Pour l’occasion, elle suspend sa manie d’élire et de distribuer des mots comme point de départ aux contributions originales qui habitent chacun de ses numéros, et fait paraitre deux volumes hors-série pour questionner le dire. Papier Machine explore donc ce que ce dire signifie, ce qui parle dans les creux de la langue, ce que le non-dire tait, et questionne par là-même l’expression qui figure depuis son premier numéro dans son logo : « qui ne dit mot consent ». Cette locution avait été posée là en dialogue avec le mot élu qui trônait en couverture pour annoncer notre démarche : Papier Machine dit mot. C’est sa manière de ne pas consentir et d’inviter une trentaine de personnes par numéro à prendre position, d’une manière qui leur est propre.

Ces dernières années, cette expression s’est teintée, à raison, d’une coloration particulièrement péjorative. Car user du langage pour ne pas consentir, cela ne vaut pas pour toustes, et/ou pas de la même manière. Nous avons donc décidé d’aller explorer les conditions, modalités, entraves et conséquences de ce DIRE MOT.

Ces numéros ont grandi au contact des fertiles réflexions et recommandations de l’artiste et curatrice Ichraf Nasri et de l’équipe de l’ASBL d’éducation permanente Culture & Démocratie.