Rituels #2
Aujourd’hui, nous subissons les conséquences d’un rejet massif de l’irreprésentable par le matérialisme rationnel du capitalisme et nous faisons face à un avenir plus qu’incertain suite à la destruction de notre milieu de vie par le modèle économique néo-libéral.La privation de relations avec l’invisible, la perte de contact avec l’immatériel, le gratuit et le non-marchand, ainsi que la difficulté de se projeter dans un futur stable entrainent une véritable épidémie d’éco-anxiété. Toutes les conditions sont là pour stimuler l’art de « conjurer le sort » : en créant de nouveaux savoirs, nouvelles croyances, nouveaux récits afin d’orienter le travail réflexif humain vers des solutions inédites. Tout cela ayant besoin, pour que la sauce prenne, de rituels qui relient les énergies, les convictions, les espoirs, les savoirs et savoir-faire de tous et toutes.
Le rituel est une sorte d’outil individuel et collectif pour s’approprier ce qui nous échappe et nous dépasse, une manière de se raconter des histoires à travers une série de gestes partagés, un sas pour métaboliser l’insensé, le transformer en valeur collective et partageable. La relation à la mort, au mystère de la vie, à toutes les formes de danger a largement motivé le besoin de rituels à travers l’histoire. Lesquels, nouveaux et anciens, constituent une ressource aujourd’hui ?
Pour son 30ème anniversaire, Culture & Démocratie consacre un deuxième numéro de son journal à identifier et rendre accessible l’émergence de rituels positifs et bienfaisants, amorces de fictions qui renforcent le besoin d’une culture des communs, reliés à des pratiques du changement qui ne se conçoivent pas sans l’intelligence collective, ADN de la démocratie. Autant de manières de repenser la place des émotions, de renouer raisonnablement avec la magie et l’invisible, de retisser des liens réparateurs avec le vivant et entrevoir la possibilité d’une autre éco-politique locale, globale, mondiale.
📻 👂 Trois talismans sonores co-réalisés par Radio Panik complètent ce sommaire. Ils ont été enregistrés pendant le festival Feral 2024 organisé par le Cifas.